ENTRETIEN AVEC ALAIN BERNHEIM
Une Certaine Idée de la Franc-Maçonnerie est un livre pour comprendre ce qu'est la Franc-Maçonnerie et, surtout, ce qu'elle n'est pas.
Bruno V. Gazzo, Directeur de PS Revue de Franc-Maçonnerie a interviewé l'auteur pour découvrir plus...
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BG: Pourquoi as-tu appelé ton dernier livre qui vient de paraître aux Éditions Dervy Une certaine idée de la franc-maçonnerie ?
AB: J'ai emprunté l'idée de ce titre aux phrases par lesquelles commencent les Mémoires du général de Gaulle : " Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France. Le sentiment me l'inspire aussi bien que la raison ". J'ai tenté de montrer concrètement comment cette double approche peut s'appliquer à la franc-maçonnerie telle que je l'ai vécue de l'intérieur depuis quarante-cinq ans. A son histoire telle que je l'ai étudiée. A ce qu'elle est dans ses manifestations les plus diverses.
BG: A quel genre de lecteurs ton livre est-il destiné ?
AB: Tout d'abord aux très jeunes maçons qui se sentent perdus, confrontés aux livres plus ou moins fiables qui sont à leur disposition dans les librairies, aux informations plus ou moins exactes qu'ils peuvent trouver sur le Web. Et aussi à l'ignorance fréquente de ceux qui, à l'intérieur de leur loge, ont la responsabilité de leur donner leur formation de base comme apprentis et compagnons. Les Maîtres qui ont plusieurs années d'ancienneté y trouveront aussi de quoi approfondir l'enseignement qui leur a été transmis. Enfin les profanes, qui se font souvent de singulières idées à propos de notre Ordre pourront y découvrir des éléments utiles pour comprendre superficiellement - de l'extérieur - ce qu'est la franc-maçonnerie et, surtout, ce qu'elle n'est pas.
BG: Il y a déjà de très nombreux livres qui traitent de l'enseignement transmis par la franc-maçonnerie. Le tien apporte-t-il des éléments nouveaux ?
AB: Je rappelle dans mon livre une phrase de George William Speth, l'un des fondateurs de la loge de recherche Quatuor Coronati : " Il est curieux de constater que la plupart des écrivains maçonniques semblent commencer par le symbolisme et s'estimer compétents pour en discuter les nombreux aspects complexes sans posséder l'ombre de connaissances historiques ". Voilà pourquoi mon livre a pour but premier d'apporter des bases claires et contrôlables à propos de l'histoire de la franc-maçonnerie. Notre symbolisme, nos rites et nos rituels, ne peuvent être compris que si on a une connaissance raisonnablement suffisante de notre histoire. C'est par là que la formation des maçons doit commencer.
Le symbolisme est un élément fondamental de notre Ordre. Mais j'ai vis-à-vis de cet élément une position différente de celle qui est la plus fréquente : j'estime que l'on ne peut pas en parler. Je vais même jusqu'à penser que l'on ne doit pas aborder ce domaine avec des mots. Pour une raison simple : notre symbolisme constitue un langage particulier, comme celui de la musique. Pour avoir donné près de deux mille concerts dans ma (première) vie, je sais que l'on ne peut pas 'expliquer' la musique : on l'écoute. Et je crois aussi que l'on ne peut pas expliquer le symbolisme de la franc-maçonnerie.
Les symboles que nous utilisons doivent être montrés, transmis, confiés à ceux à qui ils sont destinés. C'est à eux d'en faire l'usage qu'ils peuvent. Ils le feront, chacun à sa manière et en fonction d'un don qu'ils doivent nécessairement posséder pour que l'initiation puisse devenir effective. Il peut arriver, cela arrive parfois, qu'ils n'aient pas ce don. Alors, leur initiation donnera des résultats... différents.
BG: Tu écris: " Le rôle des livres n'est pas de donner des réponses ". A quoi peut servir le tien ?
AB: A montrer que des portes existent, à ouvrir des fenêtres qui sont là, à aider tous ceux qui sont honnêtes, qui n'ont pas de parti pris, à chercher. Je cite, tout au début, des mots d'Arnaud Desjardins : " Si l'on se résigne à faire partie du troupeau, que ce soit un troupeau d'hindous, de marxistes, de catholiques ou de maoïstes, c'est une chose. Mais si l'on possède une réelle envergure et si l'on en fait une affaire personnelle, il faut chercher... ".
Aujourd'hui, avec les prodigieux outils qui sont à notre disposition - le Web, les réimpressions d'ouvrages classiques qui étaient autrefois introuvables, les ordinateurs - nous pouvons trouver à condition de savoir chercher. Je n'indique pas quels sont les bons et les mauvais livres, mais je donne au lecteur des outils qui lui permettent de distinguer ces deux familles. Je lui montre aussi que certains mots qu'il entendra souvent dans sa vie maçonnique, régularité, reconnaissance, landmarks, ont acquis aujourd'hui un sens qu'ils n'avaient pas lorsqu'ils sont apparus dans notre vocabulaire.
BG: As-tu l'outrecuidance de penser que ton livre apporte des éléments nouveaux dans l'histoire de la franc-maçonnerie ?
AB: Outrecuidance ou pas, j'ai le sentiment d'apporter des éléments essentiels, peu connus et vérifiables. En voici quelques exemples. Nous pensons tous, n'est-ce pas, que les Trois Grandes Lumières de la franc-maçonnerie ont toujours été le Volume de la Loi Sacrée, l'Équerre et le Compas ? Je montre que si tel est le cas aujourd'hui, cette notion n'était pas celle de la Grande Loge de 1717 et qu'elle a été introduite en Angleterre dans les années 1750 par la Grande Loge des Anciens, fondée par des Irlandais habitant Londres. Nous croyons aussi que la Grande Loge fondée en 1717 était de tout temps reconnue par les autres Grandes Loges ? Mais c'est faux et durant la seconde moitié du 18ème siècle, cette Grande Loge, celle d'Anderson et de Desaguliers, n'était pas reconnues par celles d'Irlande et d'Écosse qui considéraient qu'elle avait changé les Landmarks. Ne sommes-nous pas convaincus que la franc-maçonnerie allemande a été persécutée par Hitler ? Cela est vrai, mais ce que la plupart d'entre nous ignore, c'est que cette franc-maçonnerie allemande a tenté d'aider Hitler dans sa conquête de l'Allemagne en lui écrivant : Pourquoi nous persécutez-vous ? Vos principes sont les nôtres depuis deux siècles.
BG: Finalement, quelle est ta 'certaine idée' de la franc-maçonnerie ?
AB: Pour certains d'entre nous, dont je suis, la franc-maçonnerie est un ordre initiatique. Mais elle ne l'était pas à ses débuts en Grande-Bretagne. Les séduisants commentaires sur l'art of memory sont le fruit d'auteurs imaginatifs qui n'ont eu que trop de succès. A Londres, aux débuts de l'ère de la franc-maçonnerie des Grandes Loges, elle ressemblait à un syndicat d'aujourd'hui : faire la bienfaisance, aider les veuves et les orphelins. Lorsqu'elle a été exportée en France, son caractère s'est transformé. Il suffit, pour s'en convaincre, de lire les divulgations françaises des années 1744 et suivantes. On y découvre la notion selon laquelle les francs-maçons cherchent la lumière en voyageant de l'Occident vers l'Orient et la ramènent en voyageant en sens inverse. Cette notion-là restera au sein d'une certaine franc-maçonnerie. Elle ne se trouve nulle part dans les rituels de langue anglaise de l'époque et ne s'y trouvera jamais jusqu'à aujourd'hui.
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Avec l'aimable autorisation des Éditions Dervy, nous mettons en ligne ici en exclusivité tout ce chapitre du livre.
LA FRANC-MAÇONNERIE, L’ANGLETERRE ET LES MYTHES
L’excellente
publication de la Grande Loge Régulière de Belgique, Acta
Macionica, a publié en 1998 un article intitulé ‘Le Convent du Grand
Orient de France de 1877’ dont le thème fournit à son auteur l’occasion
d’exposer sous forme d’axiomes des idées fixes qui lui sont chères:
·
La franc-maçonnerie
anglaise, la source et la référence de base de toutes les loges maçonniques
du monde, [...]
·
La franc-maçonnerie
est importée d’Angleterre entre 1730 et 1760 dans presque tous les pays d’Europe
[où] les modifications et la réécriture des textes contribuent à l’introduction
d’altérations essentielles.
·
En Angleterre,
à la même époque, on constate des changements structurels et administratifs
ainsi qu’une lente évolution des rituels sans modifier l’essentiel.
Examinons-les: ce sont des mythes.
1. LE MYTHE DE
“LA” FRANC-MAÇONNERIE ANGLAISE
Dans
l’Angleterre du 18e siècle, il n’existait
pas une franc-maçonnerie unique, “la” franc-maçonnerie anglaise qu’évoque
cet article, mais des Grandes Loges rivales.
1.
La Grande Loge de 1717, celle des “Modernes”, qui ne saurait être
considérée comme “la source” de toutes les loges maçonniques du monde car
elle ne fut pour rien dans la création des Grandes Loges d’Ecosse et d’Irlande
et dans celle de leurs loges respectives.
2.
Celle qui apparut à Londres au milieu du siècle, dont les membres s’intitulèrent
génialement Ancient Masons
et dont le rituel et le recrutement social étaient très différents de la précédente.
3.
La Grande Loge d’York, la Grande Loge au Sud de la rivière Trent et
quelques autres aux existences épisodiques qui n’ont pas lieu d’être évoquées
ici.
rapports des grandes loges anglaises avec celles
d’irlande et d’écosse
Pour
les Grandes Loges d’Irlande et d’Ecosse, pendant la seconde moitié du 18e
siècle, la Grande Loge d’Angleterre était celle des Ancients et non la Grande Loge de 1717 qu’elles ne reconnaissaient
pas et avec laquelle elles n’avaient pas de relations:
[...] owing to his [Dermott’s] initiative in
the year 1758 the Grand Lodge of Ireland acknowledged the Grand Lodge of the
Antients as the one and only Grand Body in England with whom it would hold
fraternal communication. [...] Since at least as early as 1757 the Grand Lodge
of Ireland had been in the closest fraternal communication with the Grand Lodge
of the Antients, and no Modern mason could join an Irish Lodge without being
re-obligated and instructed in the Antient working. But when the Grand Lodge of
the Moderns reverted to this working of their own accord, the case appeared to
be altered and on the 3rd May, 1810, the Grand Lodge of Ireland appointed a
Committee to take into consideration the propriety of admitting Modern English
masons to Irish Lodges.
[Grand Lodge of Scotland. Grand Election. 30 November 1772] It was
reported to the brethren, that the Grand Lodge of England according to the old
constitution, had, on the 2d of September last, passed a resolution and order
relative to a constant correspondence betwixt them and the Grand Lodge of
Scotland [...] Ordered, “That the
Grand Secretary do transmit to the Grand Lodge of England, the names of the
officers of the Grand Lodge of Scotland, elected this day: [...]”
By the year 1804 the published Lists of the premier Grand Lodge had
ceased to cite or to claim fraternal recognition by any English-speaking Grand
Lodge at home or abroad. [...] Most certainly, the Grand Lodge of Ireland did
not officially recognise, in 1772, or at any other time, the claim of the Grand
Lodge of the Moderns to the title of Grand Lodge of England.
rapports des grandes loges anglaises entre elles
La
Grande Loge de 1717 interdisait à ses membres tout contact avec la Grande Loge
des Ancients car, selon le Grand Secrétaire James Heseltine ,
“ces gens-là ne sont pas reconnus comme maçons”:
From
what cause all intercourse between the Grand Lodges of England and Scotland
ceased, I am equally at a loss to determine with precision. But I am inclined to
think it was occasioned by the countenance given by the Grand Lodge of Scotland
(after the Earl of Morton, then Lord Aberdour, had quitted the office of Grand
Master here
) to a pretended Grand Lodge
established in England under the title of Ancient
Masons ; which the real Grand Lodge here always discountenanced and never
admitted into their Lodges as Masons ; and which the laws of the Grand Lodge
have excluded from all matter of intercourse with us.— The Grand Lodge of
Scotland received the Masons of this pretended Establishment, and entered into a
regular correspondence with them ; which created a coolness between us and
Scotland, that at last broke off all connections between them. [...]
About
the year 1745, or 1746, this Establishment was first
formed.— One Turner, a degraded
Serjeant of the Guards, was their first Grand Master ; and all the rest of their
Officers (whose names I will not trouble you with) were people of equal
rank and consequence, and continued their offices for some years.— They were
looked upon in so contemptible a light, that the Grand Lodge never took any
notice of them, — till the year 1755 [...]
At this time a regulation was made in Grand Lodge, prohibiting all
intercourse with these people [sic] ;
which has been regularly observed in our Society ever since, — and we do not
admit or acknowledge them as Masons, nor can any of them join us without being
re-made.
la loge de promulgation et les landmarks en 1809
La
Grande Loge de 1717 n’était pas reconnue par ses deux soeurs d’Ecosse et
d’Irlande
parce qu’elle avait modifié les landmarks des rituels traditionnels.
·
Les Ancients l’affirmaient:
The
Innovations which have of late crept into Masonry in this Kingdom ... as they
tend to affect the integrity of the system, it is the duty of the Brotherhood to
discountenance. We trust the time is not far distant when, sensible of the
inconvenience as well as the fault of the Deviation, they will come back within
the Landmarks of the Craft.
·
La Grande Loge
des “Modernes” le reconnut le 12 avril 1809
this
Grand Lodge do agree in opinion with the Committee of Charity that it is not
necessary any longer to continue those Measures which were resorted to or about
the year 1739 respecting Irregular Masons, and do therefore enjoin the several
Lodges to revert to the Ancient Land Marks of the Society”.
et constitua six mois plus tard une nouvelle loge, The Special Lodge of Promulgation, dont la patente spécifiait le
but qui consistait, en application de la résolution précédente, à faire
connaître et rendre exécutoires les anciens landmarks auxquels il convenait de
revenir:
for
the purpose of Promulgating the Ancient Land Marks of the Society and
instructing the Craft in all such matters and forms as may be necessary to be
known by them in Consequence of and Obedience to the said Resolution [celle du 12 avril 1809, citée ci-dessus] and Order.
Les
procès-verbaux de la Loge de Promulgation, qui se réunit du 21 novembre 1809
au 5 mars 1811, ont été en partie conservés (ceux des six réunions tenues au
cours du premier semestre 1810 n’existent plus ou ne furent jamais rédigés)
mais n’ont fait l’objet que de publications partielles
dues à Gould, Sadler, Chetwode Crawley et Hextall.
·
Le procès-verbal
du 19 octobre 1810, cité sans commentaires par Gould et Sadler ,
constatait que la cérémonie de l’installation d’un Maître de loge était
l’un des deux landmarks du métier et qu’elle devait être pratiquée:
Resolved that it appears to this Lodge that the
ceremony of Installation of Masters of Lodges is one of the two Landmarks of the
Craft and ought to be observed.
Mais
lorsque Hextall consacra en 1910 une étude à l’ensemble de ces procès-verbaux,
il exprima sa conviction qu’il ne pouvait guère y avoir seulement deux
landmarks et en conclut que le mot two
était nécessairement une erreur de copie pour true.
Dans
ses commentaires, Hughan écrivit qu’il serait curieux de savoir ce que
Chetwode Crawley penserait de l’hypothèse de Hextall.
Avec un immense bon sens, l’Irlandais répondit cinq ans plus tard qu’en
fonction des faits connus de toute notoriété, le texte ne laissait pas
subsister la moindre équivoque. Deux landmarks, pas davantage, étaient en
cause:
Our
W. M. [Hextall] has supported the hypothesis [of a clerical error] with the
utmost skill and ingenuity, but the explanation seems superfluous, in view of
the known facts. [...] The language is unmistakable. Only two Landmarks were in
question. The first [...] by recognising and redressing the “Variations” in
the preparatory E. A. and F. C. Degrees.
·
Du procès-verbal
du 28 décembre 1810, Hextall donnait l’extrait suivant:
The
R. W. M. then took a retrospective view of the proceedings of the Lodge in the
three degrees of the Order ... and proceeded to point out the material parts in
and between the several degrees to which [their] attention would be requisite in
preserving the Ancient Land Marks of the Order, such as the form of the Lodge,
the number and situation of the Officers, their different distinctions in the
different Degrees, the restoration of the pass-words to each Degree, and the
making of the pass-words between one
Degree and another, instead of in the
Degree.
Personne ne semble avoir remarqué que sa transcription différait sur un
point essentiel du même fragment publié par Sadler:
The
R. W. M. took a retrospective view of the proceedings of the Lodge of
Promulgation ... The R. W. M. therefore proceeded to point out the material
parts in and between the several Degrees to which the attention of the Masters
of Lodges would be requisite in preserving the Ancient Land Marks of the Order,
— such as the form of the Lodge, the number and situation of the Officers —,
their different distinctions in the different Degrees, the restoration of the
proper [!] words to each Degree, and the making of the pass words between one Degree and another, — instead of in the Degree.
·
Après de
longues négociations dont l’ouverture avait été rendue possible par la résolution
du 12 avril 1809, la Grande Loge Unie d’Angleterre fut créée en 1813 – les
Ancients et les “Modernes” ratifièrent
séparément les Articles d’Union le 1 décembre, la Grande Loge Unie se forma
le 27 – et la mise au point de son nouveau rituel fut terminée en 1816.
l’inspection des grands maîtres d’écosse et
d’irlande
Entre
temps, les 27 juin et 2 juillet 1814, une Conférence avait réuni à Londres
les plus hauts dignitaires des trois Grandes Loges britanniques. Ses
participants élaborèrent un document intitulé International
Compact between the Grand Lodges of England, Ireland, and Scotland. Concluded
July 1814, rarement mentionné et, à ma connaissance, jamais intégralement
cité par les historiens anglais.Gould ne l’évoqua ni dans son History
of Freemasonry (1882-1887), ni dans sa Concise
History (1910).
Le texte en fut retrouvé dans les procès-verbaux de la Grande Loge d’Irlande
en 1897 par Chetwode Crawley qui le publia la même année dans The Freemason et le republia intégralement en 1915 dans le volume
28 d’Ars Quatuor Coronatorum,
accompagné de commentaires savoureux dont voici un échantillon:
The
Act of Union [...] is remarkable as conceding all the points for which the Grand
Lodge of the Antients had contended. It was by an unequivocal surrender on the
part of the Moderns that fraternal intercourse between them and the other Grand
Lodges of the United Kingdom was restored after an interruption of many years.
[...] The allied Grand Lodges that made common cause with the Antients did not
lay down their arms till they had ascertained, by actual inspection, the
completeness of the surrender. The details of this actual inspection are
commemorated in The International Compact.
Le
Compact commençait ainsi:
His
Grace the Duke of Leinster, Lord Kinnaird, the Earl of Donoughmore, and the Earl
of Rosslyn,
having been appointed a deputation from the Grand Lodges of Ireland and Scotland
to the Grand Lodge of England, to settle the points of communion, intercourse,
and fraternization among the three Grand Lodges of the United Kingdom, to
ascertain the identity of Obligation, Description, and Practice, and to form
such Regulations for the maintenance, security, and promotion of the Craft as
should appear to them advisable, [...]
Upon
a strict Masonic examination on matters which can neither be written nor
described, it was ascertained that the Three Grand Lodges were perfectly in
unison in all the great and essential points of the Mystery and Craft, according
to the immemorial traditions and uninterrupted usage of Ancient Masons, and they
recognized this unity in a fraternal manner.
After
which they came to the following Resolutions unanimously:— [...]
2nd.
That a constant fraternal intercourse, correspondence, and communion be for ever
maintained on the principles which were recognised in 1772 between the Three
Grand Lodges of England, Ireland, and Scotland. [...]
La référence à l’année 1772 et à la Grande Loge des Ancients, dénommée ici Grande Loge d’Angleterre, se passe de
commentaires.
gould et sadler
Soixante-dix
ans plus tard, dans le chapitre XIX de son History
of Freemasonry, Gould affirmait au contraire que la Grande Loge des Ancients
avait été créée par des maçons “schismatiques” qui s’étaient séparés
de la Grande Loge d’Angleterre, laquelle était pour lui celle de 1717.
Le
dernier volume de l’History of Freemasonry venait de paraître lorsque Henry Sadler démontra en
1887 dans Masonic Facts and Fictions
que la Grande Loge des Ancients avait
été fondée par des maçons irlandais indépendants et prouva ses dires en
citant le Morgan’s Register et les
premiers procès-verbaux de la Grande Loge des Ancients.
Gould refusa de changer d’opinion ,
la parution du livre de Sadler ne fut pas mentionnée dans Ars Quatuor Coronatorum
et l’historien de la franc-maçonnerie anglaise qui méritait le plus le
qualificatif d’authentique attendit seize ans avant d’être invité à
devenir membre de la loge Quatuor Coronati.
historiens anglais révisionnistes
Si
personne ne songe aujourd’hui à revenir sur la démonstration de Sadler,
quelques membres anglais de la loge Quatuor
Coronati ont récemment tenté de remettre en question les implications de
la déclaration du 12 avril 1809: la responsabilité en incomberait aux Ancients
qui seraient parvenus à convaincre la Grande Loge de 1717 qu’elle avait
commis une erreur alors que tel n’était pas le cas.
Face à l’unanimité des textes anglais, irlandais et écossais cités plus
haut, l’énormité de la proposition saute aux yeux.
Cette
lignée d’historiens révisionnistes ont en commun avec Gould d’identifier
les principes de la Grande Loge de 1717 avec ceux de la Grande Loge Unie de
1813. Corollaire implicite de ce sophisme: impossible d’envisager que la
Grande Loge de 1717 ait jamais pu méconnaître les landmarks car la régularité
de la Grande Loge Unie ne saurait être mise en doute. D’où la nécessité
d’imaginer diverses interprétations, aussi peu plausibles les unes que les
autres, pour l’aveu fait en toutes lettres en 1809.
2. LES MYTHES DE
“LA LENTE ÉVOLUTION DES RITUELS” ANGLAIS ET DE
“L’INTRODUCTION D’ALTÉRATIONS ESSENTIELLES”
les divulgations françaises
Knoop,
Jones et Hamer avaient renoncé à établir une classification des premières
divulgations de langue anglaise. Harry Carr fit de même
pour leurs équivalents français
en raison de plusieurs éléments qu’il a ignorés ou dont il n’a pas pris
conscience:
·
L’édition de
1742 du Secret des Francs-Maçons de
l’abbé Pérau n’a jamais existé.
·
Parmi les
divulgations françaises, certaines reproduisent des rituels authentiques et
d’autres ont pour but d’égarer les profanes.
·
Par manque de
coordination entre les différents collaborateurs auxquels Carr avait fait appel,
les traductions anglaises réunies dans The Early French Exposures (1971) ne permettent pas de reconnaître
la parenté existant entre les divulgations françaises authentiques, car les mêmes
mots ou les mêmes phrases se retrouvant dans ces divulgations ne furent pas
traduits en anglais de manière identique.
les divulgations anglaises
Selon
Harry Carr, aucune divulgation ne décrit le rituel anglais pratiqué entre 1730
et 1760. Cependant il refuse d’admettre que Le
Maçon Démasqué dont la page de titre indique A
Londres, Chez Owen Temple Bar. 1751 Le Prix est un Shelling, puisse refléter
un rituel anglais car, écrit-il, les cérémonies que cette brochure décrit
sont incompatibles avec ce qui est connu des pratiques rituelles des loges
anglaises de l’époque.
Or,
si on postule l’absence de tout élément d’information sur les rituels
anglais entre 1731 et 1760, on doit logiquement s’interdire tout commentaire
à leur sujet au cours de cette même période:
Harry
Carr's approach to the development of Craft ritual in England between 1730 and
1760 has influenced his judgement upon French exposures, and his reasoning is
difficult to follow.
In
his own words, « During the next 30 years [after the first issue of
Prichard's Masonry Dissected] ...
nothing of importance in this field was published in England ; throughout that
period there is no English evidence to be found of the ritual development that
must have been taking place side-by-side with the growth of the lodges. »
(Early French Exposures, p. XI).
However
in his comments upon the Démasqué (London,
1751), Harry Carr writes: « ... the description of the ceremonies, the
titles of some of the Officers ... and many other details of the procedures
described by Wolson ... cannot be
reconciled with what is known of English Lodge practices at that period. For
these reasons, it seems likely that the work [the Démasqué]
represented French rather than English Freemasonry... » (Early French Exposures, p. 419; italics added by the present writer).
Par
ailleurs, l’analyse que les historiens anglais, notamment Harry Carr, donnent
de la seconde vague de divulgations anglaises se révèle tout à fait
insuffisante, car en ne proposant aucune réponse aux questions posées par les
différences majeures existant entre le texte de Three
Distinct Knocks (1760) et celui des divulgations qui suivirent, elle débouche
sur une impasse.
Comparing
Jachin and Boaz (1762) with Three
Distinct Knocks (1760) in his 'Commentary' to facsimile reprints of both
exposures (Masonic Book Club, 1981), [...] Harry Carr's third question, « Why
did he [the compiler of J&B] use
the opening narrative section containing practices
that were foreign to English procedure? »
(p. 181), is answered thus: « the compiler's reasons for quoting procedures
unknown in English usage are not easily explained » (p. 185) and then
Harry Carr enumerates over two pages (pp. 186-7) « those details and
procedures that were unknown in English
practice » (italics added by the present writer in the last three
quotes).
Si
Three Distinct Knocks (1760) reproduit le rituel irlandais dialogué
qu’utilisaient les Ancients, par
contre, les compilateurs des divulgations ultérieures (Jachin and Boaz en 1762, Schibboleth
en 1765) ont réuni deux sources distinctes en juxtaposant, sans souci de cohérence
interne, les dialogues irlandais et les éléments narratifs anglais que l’on
trouve esquissés dans la divulgation publiée à Paris par Hérault en décembre
1737.
L’énigme constituée par les éléments que Carr décrivait comme
« the opening narrative section containing practices that were foreign to
English procedure », se trouve
élucidée si on admet qu’ils représentent le rituel anglais des
“Modernes” au stade de développement auquel il était arrivé vers 1762 en
Angleterre.
les “altérations essentielles”
Si
on tient à évoquer des “altérations essentielles” ,
cette notion semblerait plus justement applicable au rituel introduit en
Angleterre dans les années 1750 par les Irlandais (qu’elles aient été
pratiquées par la Grande Loge des Ancients
puis, dans leur majorité, adoptées par la Grande Loge Unie de 1813, ne change
rien à cette constatation).
Ou
aux conclusions du rapport de la commission dont Gould était membre, adoptées
en mars 1878 par la Grande Loge Unie d’Angleterre, où le premier et le plus
important des landmarks est formulé comme étant une croyance au Grand
Architecte de l’Univers:
That
the Grand Lodge, whilst always anxious to receive in the most fraternal spirit
the Brethren of any Foreign Grand Lodge whose proceedings are conducted
according to the Ancient Landmarks of the Order, of which a belief in T. G. A.
O. T. V. [sic] is the first and most
important, cannot recognise as ‘true and genuine’ Brethren any who have been
initiated in Lodges which either deny or ignore that belief.
Car, à la lumière des procès-verbaux de la Loge de Promulgation, ne
pourrait-on pas à bon droit évoquer ici “l’introduction d’altérations
essentielles”, sinon dans l’esprit, du moins dans la lettre ?
3. LA MAÇONNERIE
FRANÇAISE
L’histoire
de la franc-maçonnerie française, ses catéchismes et ses rituels, indiquent
une double paternité: celle des premiers fondateurs britanniques, Darwentwater,
McLean et O’Heguerty, et celle de la Grande Loge des “Modernes” importée
en 1734 à Paris par Richmond et Desaguliers puis, deux ans plus tard, par
Coustos.
L’auteur de l’article n’en tient pas compte et commet par ailleurs
plusieurs erreurs concernant la France.
·
La [sic]
Constitution en usage en Angleterre n’est ni connue ni importée. Celles qui
sont promulguées en France sont modelées sur la réalité sociale du temps.
Et les Règles et Devoirs approuvés à Paris par le Grand Maître McLean,
le 27 décembre 1735 ? Et le texte très voisin accompagné d’un Pouvoir
remis par le Grand Maître Darwentwater au baron Carl Fredrik Scheffer, le 25
novembre 1737 ? Et l’Histoire des
Francs-Maçons publiée par La Tierce en 1742 et en 1745 ? Et les Règlements
Généraux à l’usage des loges de France, votés par la Grande Loge le 11 décembre
1743 ? Il suffit de mettre ces documents en regard des Charges et des General
Regulations anglaises de 1723 et de 1738 pour constater que les textes français
en sont la traduction à peine modifiée.
En ce qui concerne l’évolution de ces textes en France au 19e
siècle, je me garderais bien d’examiner s’il faut la qualifier d’altération
essentielle pour ne pas devoir me livrer, par souci d’équité, à la
comparaison des Constitutions anglaises de 1815 avec celles d’Anderson.
·
Lors de l’instauration
de la fonction de député auprès du Grand Orient en 1773, il est décidé que
les Députés des Loges de Province doivent être des francs-maçons domiciliés
à Paris.
Une telle disposition ne se trouve pas dans les Statuts de l’Ordre royal de la Franc-Maçonnerie en France, arrêtés
en Grande Loge Nationale, le 26 juin 1773.
·
L’article 31
de la Constitution de 1854 est inexactement recopié. Son texte indique que le
Grand Maître est « le pouvoir exécutif, administratif et dirigeant. »
et non, bien sûr, « le pouvoir législatif,
administratif et dirigeant. »
·
Plus grave, ce
qui suit:
Comment
en son âme et conscience le pasteur Frédéric Desmons a-t-il pu s’écrier
« Nous demandons la suppression de
cette formule (la référence au Grand Architecte de l’Univers) parce qu’elle
nous paraît tout à fait inutile et étrangère au but de la Maçonnerie »
L’emploi de parenthèses suggère que les mots qu’elles renferment
appartiennent au texte cité. Or, on va le voir, il s’agit d’une incise de
l’auteur de l’article. Les mots qui la composent correspondent-ils à l’intention
de Desmons ? Reportons-nous aux trois paragraphes qui précèdent la citation:
Nous
demandons la suppression du second paragraphe de l’article premier de notre
Constitution, parce qu’il nous paraît contradictoire avec le paragraphe
suivant du même article.
Nous
demandons cette suppression, parce que cette formule nous paraît devoir créer
bien souvent des embarras à bien des Vénérables et à bien des Loges qui,
dans certaines circonstances sont contraints, ou bien d’éluder la loi, ou
bien de la violer. — Or, la Maçonnerie ne doit-elle pas donner toujours l’exemple
de l’observation et du respect de la loi ?
Nous
demandons la suppression de cette formule, parce que, embarrassante pour les Vénérables
et les Loges, elle ne l’est pas moins pour bien des profanes qui, animés du
sincère désir de faire partie de notre grande et belle Institution qu’on
leur a dépeinte, à bon droit, comme une Institution large et progressive, se
voient tout à coup arrêtés par cette barrière dogmatique que leur conscience
ne leur permet pas de franchir.
Nous
demandons la suppression de cette formule parce qu’elle nous paraît tout à
fait inutile et étrangère au but de la Maçonnerie.
Sans l’ombre d’ambiguïté, la lecture du texte de Desmons démontre
que “cette formule”, deux mots répétés à trois reprises, désigne “le
second paragraphe de l’article premier de notre Constitution” dont voici le
texte:
Elle
a pour principes l’existence de Dieu, l’immortalité de l’âme et la
solidarité humaine.
Non seulement les mots « la
référence au Grand Architecte de l’Univers »
ajoutés entre parenthèses ne se trouvent pas là où l’auteur de l’article
les a interpolés, mais le Grand Architecte de l’Univers n’est pas mentionné
une seule fois dans le rapport de Desmons.
Cette erreur-ci, que je me refuse à imaginer délibérée, remonte loin,
comme l’illustrent les paroles prononcées le 6 mars 1878 à Londres par Lord
Carnavon:
La
Grande Loge a le profond regret de constater la démarche du Grand Orient de
France d’éliminer de sa Constitution les [sic]
paragraphes qui affirment la croyance en le [sic]
Grand Architecte de l’Univers [...]
Ne
nous lassons pas de le répéter: en 1877, le Grand Orient de France a modifié
le texte de l’article premier de la Constitution qu’il avait adoptée en
1865. Il n’a alors ni rayé, ni supprimé quelque référence que ce soit au
Grand Architecte de l’Univers. Cette décision-là ne sera prise que dix ans
plus tard, en 1887.
CONCLUSION
L’article
ne me semble pas rendre un bon service à ceux qui aiment l’histoire, qui l’étudient
pour tenter de comprendre le passé et non pour le juger, à ceux qui font
confiance à Ars Macionica pour les
guider dans cette recherche, aux jeunes Frères qui lisent notre revue pour s’instruire.
Il trace de l’histoire de la franc-maçonnerie anglaise un panorama aussi
idyllique qu’inexact et déforme de manière symétriquement inverse celle de
la franc-maçonnerie en France.
En cela, il avoisine une entreprise de désinformation.
Il
ne contribue pas non plus à construire le Temple qui est la raison d’être de
l’Ordre de la franc-maçonnerie, attaqué depuis plus de deux siècles sous le
prétexte d’être trop religieux pour les athées, trop laïque pour les
croyants, trop progressif pour les réactionnaires, trop conservateur pour les révolutionnaires.
Pour
ses détracteurs ou ses ennemis, l’Ordre est un, homogène, global, rejeté en
bloc. Ainsi, l’Église de Rome a récemment encore refusé de prendre en
considération les distinctions entre régulier et irrégulier, reconnu et non
reconnu, comme certains maçons le lui demandaient. Ce sont peut-être ces maçons-là,
les pires ennemis de l’Ordre. Les courtisans anglomanes dont les exclusives
font écho aux errements des Grandes Loges anglaises d’autrefois et rendent haïssable
l’Ordre dans lequel ils ont été admis.
« Ces
gens-là ne sont pas reconnus comme maçons » écrivait le Grand Secrétaire
Heseltine à propos des Ancients.
« La différence fondamentale et essentielle entre la franc-maçonnerie
anglaise et les franc-maçonneries continentales c’est que ces dernières
ignorent ce qu’est un franc-maçon » peut-on lire dans l’article d’Ars Macionica.
Des
mots qui ne méritent que le silence de l’oubli.
[1]
Michel Brodsky, Acta Macionica 8: 328, pour les trois citations.
[2]
Ce qui a fréquemment été rappelé dans Ars
Quatuor Coronatorum. Par exemple: « not all regular Freemasonry is the offspring of
England; our Grand Lodge is no more the ‘Mother Grand Lodge of the World’
than are those of Ireland or Scotland. Even though she happened to be first, she
did not create the other two », Christopher Haffner, AQC 96 (1983): 138.
[3]
Pour l’orthographe Ancient ou
Antient, voir Ivor
Grantham, AQC 64 (1953): 76-78.
[4]
Afin d’éviter malentendus et contestations qui peuvent résulter des
traductions, les citations sont reproduites d’après leur texte anglais
original.
[5]
Lepper and Crossle, 1925. History
of the Grand Lodge of Free and Accepted Masons of Ireland, I: 231 et 416. Néanmoins,
aucune décision ne fut adoptée avant que l’union ne soit réalisée à
Londres, comme le montre la motion adoptée par la Grande Loge d’Irlande, le 1
avril 1813: « That they do not feel it possible to make any order for the
admission of Modern Masons into Ancient Lodges until a final determination is
made between the Grand Lodges of England under the Duke of Atholl & Prince
Regal which they are inform'd is at present suspended– Confirm’d. » (ibid.: 418).
[6]
Alexander Lawrie, 1804. The History
of Free Masonry, drawn from authentic sources of information; with an account of
the Grand Lodge of Scotland, from its Institution in 1736, to the present time,
compiled from the records; and an Appendix of original Papers: 207-208. Voir aussi David Murray Lyon, 1900. History of the Lodge of
Edinburgh (Mary's Chapel), No. 1: 471.
[7]
Chetwode Crawley AQC 28
(1915): 144 et 153.
[8]
James Heseltine (1745-1804), nommé Grand Secrétaire des “Modernes”
à vingt-quatre ans le 5 mai 1769, fut le successeur de Thomas French qui avait
fait banqueroute. William Preston était l’assistant de French et resta celui
de Heseltine pour un salaire de 20 £ par an. En 1887, Sadler a reproduit le
texte d’une lettre, dont il relève les erreurs, écrite par Heseltine le 8 août
1769, trois mois après sa prise de fonctions (Masonic
Facts and Fictions: 178-184). Elle contient une première version
fantaisiste de l’apparition des Ancients,
antérieure à celle que Preston publiera dans le Freemasons’
Calendar de 1776.
[9]
Lord Aberdour avait été
Grand Maître de la Grande Loge d’Écosse du 1 décembre 1755 au 30 novembre
1757 et Grand Maître de la Grande Loge des “Modernes” du 18 mai 1757 au 3
mai 1762.
[10]
Lettre de James Heseltine au Vénérable de la loge St
Luke d’Édimbourg, 2 septembre 1780 (Robert Strathern Lindsay 1935. A History of the Mason Lodge
of Holyrood House (St Luke's) N° 44:
197-198. Italiques
de Lindsay).
[11]
Au sujet de ces métarègles ou landmarks, Bernard Jones a écrit des
pages excellentes dans Freemasons’ Guide
and Compendium (1950, nombreuses rééditions): 334-337, traduites en partie
par Marius Lepage dans l’ordre
et les Obédiences (1956): 94-95. Lepage concluait ainsi: « Soyons
sérieux ! Une seule affirmation historiquement et traditionnellement possible:
personne n’a jamais vu un landmark, parce que, en réalité, un landmark
n’est qu’un mythe forgé par un poète... » (p. 96). Ceci est suivi
par une citation qui n’est pas de Gould, comme l’écrit Lepage. On en trouvera la source (Freemasons’
Magazine du 25 février 1865) et la formulation originale (« Nobody
knows what they comprise or omit ; they are of no earthly authority, because
everything is a landmark when an opponent desires to silence you, but nothing is
a landmark that stands in his own way ») indiquée en note par Gould dans History
of Freemasonry, I: 439, qui la fait précéder de la remarque: « Of
the Ancient Landmarks, it has been observed, with more or less foundation of
truth: ».
[12]
Jusqu’en 1805 pour l’Écosse, jusqu’à l’Union de 1813 pour
l’Irlande. “L’alliance fraternelle” conclue avec l’Irlande en 1808
indiquée par Gould (History II: 498)
est inexacte.
[13]
Lettre adressée en 1788 par le Grand Secrétaire des Ancients
à Lord Elcho, Grand Maître de la Grande Loge d’Ecosse (Charles Bolton 1897, Grand
Master’s Lodge No. 1: 22, cité par Hextall, AQC
23: 48).
[14]
Gould History II: 498. Hextall,
AQC 23
(1910): 37. Knoop, AQC 56
(1945): 30. Clarke,
Grand Lodge (1967): 124 etc.
[15]
AQC 23
(1910): 37-38.
[16]
Pour les raisons indiquées par Hextall, AQC
23 (1910): 50.
[17]
Gould, History II: 500. Sadler
1887, Masonic Facts and Fictions: 159.
[18]
AQC 23
(1910): 50-55. Hextall avait dû invoquer les Encyclopédies de Mackenzie (1877)
et de Woodford (1878) pour justifier sa conviction qu’il existerait plus de
deux landmarks.
[19]
AQC 23
(1910): 59. Dans le premier volume de Cæmentaria
Hibernica paru en 1895, Chetwode Crawley avait pris le mot two
dans son acception littérale.
[20]
AQC 28
(1915): 141 et 144, le second landmark étant celui de la cérémonie de
l’installation.
[22]
Masonic Facts and Fictions: 161-162.
[23]
Voir Hextall ‘The Special Lodge of Promulgation 1809-1811’ et
Wonnacott, ‘The Lodge of Reconciliation 1813-1816’, dans AQC 23 (1910). Wonnacott
et Hextall pensent que la Loge de Réconciliation adopta en substance les
conclusions de la Loge de Promulgation (AQC
23: 60, 71, 304). Gould admet que les “Modernes” adoptèrent le rituel des Ancients:
« In substance, however, the method of working among the “Antients”
— to use the hackneyed phrase — was adopted by the “Moderns” » (History
II: 500), de même que Crowe « the ‘Ancients’ [...] always seem to
have gained their points » (AQC 23:
302) et A.C.F. Jackson « it is clear that the Antient influence on the
work of the Lodge of Reconciliation must have been very powerful » (AQC
87: 194). Leur
opinion est partagée par John Hamill (AQC
93, 1980: 35-36). Voir les
documents récemment découverts et analysés par Colin Dyer: 1974 ‘William
Shadbolt’ et ‘The Williams-Arden Manuscript (AQC 87), 1975 ‘The
official 1816 Ritual’ (AQC 88:
211-214), son Introduction à la troisième édition (1985) de Cartwright, Masonic
Ritual, et ses commentaires sur la Loge de Promulgation dans William
Preston and his Work (1987): 136-140.
[24]
Le texte de l’International
Compact a été reproduit in extenso
en 1957 par R. E. Parkinson, History of
the Grand Lodge of Free and Accepted Masons of Ireland, II: 21-23. Dix
ans plus tard, Percival R. James ne lui consacrait que quelques lignes dans Grand Lodge (1967): 132. Voir aussi Colin Dyer 1974, ‘The Williams-Arden
Manuscript’ (AQC 87: 175).
[25]
Ce que souligna Begemann en 1910 dans Vorgeschichte
und Anfänge der Freimaurerei in England (II: 532) en indiquant en note que
le texte de l’International Compact
avait été publié pour la première fois dans The
Freemason daté du 3 juillet 1897. Voir
aussi Wonnacott, AQC 23 (1910): 229.
[27]
Respectivement Grand Master of Masons in Ireland, Grand Master of Masons
in Scotland, Past Grand Master of Masons in Ireland, Past Deputy Grand Master of
Scotland.
[28]
Ces documents, alors inédits, ont été transcrits par John Rawdon
Dashwood et publiés en 1958 par la loge Quatuor
Coronati (volume XI des Quatuor
Coronatorum Antigrapha). La transcription des procès-verbaux des Ancients
s’arrête malheureusement au 27 décembre 1760.
[29]
Le livre de Sadler n’avait pas davantage fait changer d’avis David
Murray Lyon: en 1900, il continuait à dénommer la Grande Loge des Ancients
« the seceders from the Grand Lodge of England in 1739 » (History
of the Lodge of Edinburgh (Mary's Chapel), No. 1: 297).
[30]
Masonic Facts and Fictions fut
évoqué onze ans plus tard dans AQC 11 (1898) après la
publication du second livre de Sadler, Masonic
Reprints and Historical Revelations. Speth
écrivit honnêtement: « The new theory [sic]
was, on its appearance, anything but welcome. It is always an intolerable
nuisance to have to recast opinions held for years [...] ».
[31]
La dernière de ces tentatives est due à Douglas Vieler en 1993, ‘The
Power of Persuasion’ (AQC 106: 56). Dans William Preston and his Work,
Dyer décrit le rituel des Ancients
comme « the slightly
different practices of the newer organization » (p. 8).
[32]
Cette démarche rappelle celle des fondateurs de la loge Quatuor
Coronati à propos desquels John Hamill a écrit lucidement en 1986:
« they were behaving most unscientifically, seeking for evidence to prove
their theory rather than seeking evidence and analysing it to see what could be
deduced from it » (AQC 99:
4).
[33]
« At the present time there is not sufficient material available to
formulate a satisfactory classification », The
Early Masonic Catechisms (1943), Introduction: 19.
[34]
« there is little need for classification of the texts, and no attempt
has been made to do so », The Early
French Exposures (1971), Introduction: xv.
[35]
Ce qui suit résume une partie de l’article de Henri Amblaine
[pseudonyme anagrammatique d’Alain Bernheim], 'Masonic Catechisms and
Exposures' (Norman B. Spencer Prize Essay 1993), AQC
106.
[36]
Par exemple: 'Demandés-lui s'il a la vocation' est traduit par 'Ask him if he has
the calling' dans la Reception (p. 6)
et par 'Ask him if he has the vocation' dans le Secret (p. 67).
[37]
AQC 106
(1993): 150.
[39]
Acta Macionica 8:
328. Et
comment considérer la cérémonie de consécration d’une nouvelle loge ?
Comme une altération ou comme une innovation ? L’auteur de l’article écrit
à ce propos: « En Angleterre, lors de la fondation d’une loge, celle-ci
est consacrée. [...] la Loge pour fonctionner [sic]
doit être consacrée » (Acta
Macionica 8: 329). Or,
en 1970, Terence Haunch a démontré que la cérémonie de consécration fur
introduite vers 1772 par Preston: « The “Manner of Constituting a
Lodge” as printed in the Appendix of the 1st Edition of the Illustrations (1772) includes the
first mention of a ceremony of Consecration and an outline description of
it. [...] this is the earliest reference
to any such ceremony in connection with the Constitution of a new lodge »
(‘The Constitution and Consecration of Lodges under the Grand Lodges of
England’, AQC 83: 8 et 9). Colin Dyer écrit de même: « Preston added
a formal ceremony of consecration » (mes italiques dans les citations précédentes).
Le mot « doit » exprimant une exigence nécessaire, on ne peut que
se demander comment les loges anglaises, “Modernes” ou Ancient, pouvaient bien “fonctionner” avant 1772.
[40]
Gould, History III: 26.
[41]
AQC 106
(1993): 153.
[42]
Acta Macionica 8:
329.
[43]
Acta Macionica 8:
339.
[44]
« Le Grand Orient de France sera composé de la Grande Loge et de
tous les Vénérables en exercice, ou Députés des Loges, tant de Paris, que de
Province, qui pourroient s’y trouver lors de ses Assemblées. »
(chapitre premier, section II, article premier).
[45]
Acta Macionica 8:
343. L’auteur qualifie le texte qu’il cite inexactement de « comique ».
En l’occurrence, il a involontairement raison.
[46]
Acta Macionica 8:
349.
[47]
Le rapport de Desmons a été publié (avec quelques inexactitudes) par
Adrien Juvanon dans Vers la Lumière (1926), dans le Bulletin
du Centre de Documentation du Grand Orient de France N° 11-12 (1958) et par
Daniel Ligou dans Frédéric Desmons et la
Franc-Maçonnerie sous la 3e République
(1966). Voir aussi Alain Bernheim
1989, ‘1877 et le Grand Orient de France’, Travaux de la Loge nationale de recherches Villard de Honnecourt N°
19: 113-147.
[48]
Acta Macionica 8:
353. N’ayant pas le texte original sous les yeux, je ne suis pas en mesure
d’assurer que cette traduction, agrémentée d’un solécisme, est fidèle.
[49]
Par exemple. « La décision d’abandonner toute référence à la
Divinité a été prise bien avant le débat [de 1877]. Cette décision n’est
en fait que l’accomplissement d’une évolution qui débute dès 1740 [...] »
(Acta Macionica 8:
350). L’année 1740, arbitrairement présentée comme le point de départ
d’une déviation de la franc-maçonnerie française, revient à plusieurs
reprises (pp. 327, 328, et 354). Pourquoi 1740 ? Le choix de cette date n’est
justifié nulle part.
[50]
Voir l’ensemble de la
documentation publiée par la loge de recherches Quatuor
Coronati de Bayreuth (Quellenkundliche
Arbeit der Freimaurerischen Forschungsgesellschaft Quatuor Coronati e. V.,
Bayreuth Nr. 9, 1976, et Nr. 14, 1980) et, par exemple, le compte rendu de la réunion tenue à
Innsbruck, les 27 et 28 décembre 1968 in Nr. 9: 29-30, ou la lettre adressée le 17 mars suivant au cardinal König
parl’ancien Grand Maître Vogel, ibid.
:33-35.
[51]
Acta Macionica 8:
330.
WHY IS THE PREVIOUS DOCUMENT SO IMPORTANT ?
The United Grand Lodge of England was created in 1813. The Moderns’ Grand Lodge (1717) and the Antients’ Grand Lodge (1751) ratified separately the Articles of Union on 1st December. The United Grand Lodge was formed on the 27th and the formulation of its new ritual was set in 1816. Gould admits that « In substance [...] the method of working among the “Antients” — to use the hackneyed phrase — was adopted by the “Moderns” » (History of Freemasonry 1882-1887, vol. II, p. 500), however he abstained from giving the following particulars.
On June 27 and July 2, 1814, the highest dignitaries of the three British Grand Lodges met in London. They worked out a document entitled International Compact between the Grand Lodges of England, Ireland, and Scotland. Concluded July 1814, which is seldom mentioned and, to my knowledge, never fully quoted by English Masonic historians. Chetwode Crawley found it in the archives of the Grand Lodge of Ireland in 1897. He published it the same year in The Freemason and re-published it in 1915 in vol. 28 of Ars Quatuor Coronatorum (pp. 141-155) accompanied with comments, extracts of which are quoted below. According to Chetwode Crawley, the INTERNATIONAL COMPACT can claim to be the most important official document promulgated among English-speaking Freemasons during the current century.
It was by an unequivocal surrender on the part of the Moderns that fraternal intercourse between them and the other Grand Lodges of the United Kingdom was restored after an interruption of many years. [...] The allied Grand Lodges that made common cause with the Antients did not lay down their arms till they had ascertained, by actual inspection, the completeness of the surrender. The details of this actual inspection are commemorated in THE INTERNATIONAL COMPACT. As a consequence of the previous estrangement, a formal INTERNATIONAL COMPACT became necessary to admit the newly-formed United Grand Lodge of England to the fold (p. 145). The INTERNATIONAL COMPACT can claim to be the most important official document promulgated among English-speaking Freemasons during the current century (p. 146). Nothing can be more suggestive than the implied admission, or rather assertion, in the second Resolution, of the legitimacy of the Antients’ claim to be regarded as the Grand Lodge of England. In that resolution it is expressly recited that the fraternal recognition in 1772 took place “between the Three Grand Lodges of England, Ireland and Scotland.” Now, the only recognition of that year exclusively concerned the Antients. It would almost seem as if the limitation by the numeral “three” was designed by the framers of the Resolution to put an end to any claim that the Grand Lodge unrecognised in 1772 might have made to the title of Grand Lodge of England. Most certainly, the Grand Lodge of Ireland did not officially recognise, in 1772, or at any other time, the claim of the Grand Lodge of the Moderns to the title of Grand Lodge of England (p. 153).
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POUR QUELLES RAISONS LE DOCUMENT PRÉCÉDENT EST-IL SI IMPORTANT ?
La Grande Loge Unie d’Angleterre fut créée en 1813. La Grande Loge des Modernes (1717) et celle des Anciens (1751) ratifièrent séparément les Articles d’Union le 1er décembre. La Grande Loge Unie se forma le 27 et la mise au point de son nouveau rituel fut terminée en 1816. Gould reconnaît que « En substance [...] la manière de travailler [rituellement] des “Anciens” — comme on dit vulgairement — fut adoptée par les “Modernes” » (History of Freemasonry 1882-1887, vol. II, p. 500), mais il se garda bien de donner les détails suivants.
Les 27 juin et 2 juillet 1814, une conférence avait réuni à Londres les plus hauts dignitaires des trois Grandes Loges britanniques. Ses participants élaborèrent un document intitulé Pacte International entre les Grandes Loges d’Angleterre, d’Irlande et d’Écosse. Conclu en Juillet 1814, rarement mentionné et, à ma connaissance, jamais intégralement cité par les historiens anglais. Le texte en fut retrouvé dans les procès-verbaux de la Grande Loge d’Irlande en 1897 par Chetwode Crawley Il le publia la même année dans The Freemason et le republia intégralement en 1915, accompagné de commentaires, dans le vol. 28 d’Ars Quatuor Coronatorum (pp. 141-155) dont quelques extraits sont reproduits ci-dessous. Pour Chetwode Crawley, l’International Compact était le plus important document officiel promulgué entre francs-maçons de langue anglaise au 19ème siècle.
Ce n’est que grâce à une reddition sans conditions de la part des Modernes que les relations fraternelles entre eux et les autres Grandes Loges du Royaume-Uni purent être restaurées après une interruption de plusieurs années. [...] Les Grandes Loges alliées qui avaient fait cause commune avec les Anciens ne baissèrent pas les bras avant de s’être assurées par le moyen d’une véritable inspection que cette reddition était totale. Les détails de cette véritable inspection sont commémorés dans le PACTE INTERNATIONAL. En raison de l’aliénation précédente, un PACTE INTERNATIONAL en bonne et due forme avait été rendu nécessaire pour admettre la Grande Loge Unie d’Angleterre récemment formée au sein [de la franc-maçonnerie]. Ce PACTE INTERNATIONAL peut être considéré comme le document officiel le plus important conclu entre des francs-maçons de langue anglaise au cours du [19ème] siècle. Rien n’est plus révélateur dans la seconde clause, que l’admission implicite, ou plutôt l’affirmation, de la légitimité de la revendication des Anciens d’être considérés comme Grande Loge d’Angleterre. Cette clause stipule expressément que la reconnaissance fraternelle, survenue en 1772, eut lieu “entre les trois Grandes Loges d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande”. Or, l’unique reconnaissance qui eut lieu cette année-là concernait exclusivement les Anciens. Il semble presque que la restriction exprimée par le chiffre “trois” ait été utilisée par les rédacteurs de cette clause afin de mettre un terme à toute revendication qui aurait pu être formulée par la Grande Loge non reconnue en 1772 à s’intituler Grande Loge d’Angleterre. Il est positivement certain que la Grande Loge d’Irlande ne reconnut pas, en 1772 ou à n’importe quelle époque, la prétention de la Grande Loge des Modernes à s’intituler Grande Loge d’Angleterre (p. 153).
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