1.- Qu’est-ce qu’un groupe de recherche ?

Question simple en apparence, plus complexe dans la réalité.

La plus ancienne entité de recherche maçonnique du monde est la Loge Quatuor Coronati N° 2076 à Londres, établie en 1884. Prestigieuse, elle a servi de modèle à une foule d’autres, dont certaines portent le même nom, à Bayreuth, Hambourg, Rome, Vienne, Prague, etc.

Presque chaque pays ou juridiction en dispose d’au moins une et chacune a sa spécificité. Beaucoup, surtout dans les pays anglo-saxons, servent à préparer les officiers pour les tenues ou à donner l’instruction aux jeunes Maçons. D’autres diffusent des informations diverses et vendent des livres par correspondance à prix réduits. Mais il en existe un certain nombre qui font un excellent travail dans le domaine historique, politique, symbolique, des rituels, de la littérature, des arts, de la musique, etc. La Scottish Rite Research Society publie par exemple un volume annuel Heredom, d’excellente qualité. Parmi les revues francophones, on peut citer Villard de Honnecourt (G.L.N.F.), Acta Macionica (G.L.R.B.), Jean Scot Erigène (G.L.F.), Renaissance Traditionnelle (indépendante), etc.

2.- Les débuts

Alors que l’opportunité de créer un Groupe de Recherche propre à la Suisse était depuis longtemps devenue consciente dans l’esprit de nombreux Frères, aucun n’en avait pris l’initiative. Dès lors que rien ne s’annonçait à l’horizon de la G.L.S.A., quelques Maçons chevronnés et motivés apportèrent l’impulsion initiale.

Un sondage mené auprès des Loges permit de recruter une vingtaine d’intéressés. Quatorze étaient présents le 28 septembre 1985 dans les locaux de la Loge Zur Hoffnung à Berne. La G.L.S.A., quoique informée, ne participa pas.

Les réunions, qui devaient avoir lieu quatre fois l’an, commencèrent par la rédaction des statuts. Puis le président proposa l’étude en commun de sujets tels que : Comment préparer le profane afin que son initiation lui soit profitable ? et La Franc-maçonnerie a toujours existé (sur un texte de Lessing). Le résultat des recherches entreprises donna naissance à une revue interne nommée Acta latomiae.

Se réunissant alternativement à Berne et à Lausanne, travaillant en deux langues – chacun s’exprimant dans la sienne – le G.R.A. se trouvait encore dans une période d’exploration et d’incertitude. La proposition faite à la G.L.S.A. d’étudier ses énormes archives couvrant plus de 140 ans se heurta à un refus qui mit en évidence que la recherche dans les archives n’était pas définitivement exclue, à condition que certaines conditions soient préalablement remplies. Mais elles ne l’étaient pas.

3.- Le Guide du Franc-Maçon

La G.L.S.A. mandatait en revanche le G.R.A, au début 1987, pour qu’il élabore un Guide du Franc-Maçon destiné aux nouveaux initiés. Alors commença pour une vingtaine d’auteurs le long travail de planification, de recherche, de rédaction, de vérifications, qui allait durer dix ans. Les Loges prirent une part active à la collecte des informations ; elles participèrent également à l’évaluation de la version expérimentale qui leur fut soumise en 1995.

Le GRA se trouvant encore à ses débuts, le problème du financement n’allait pas de soi. Les moyens de la G.L.S.A. ne lui permettaient pas d’aller au-delà d’une petite subvention. Le G.R.A. bénéficia alors d’un don généreux de la Loge Zur Brudertreue à Aarau et de la promesse d’un crédit de fonctionnement (finalement non utilisé) de la Loge Sapere Aude à Zurich.

Il fallut ensuite passer à la traduction en allemand et en italien, ce qui mobilisa plus de vingt FF\ recrutés dans tous les coins du pays. Le Guide du Franc-Maçon fut ainsi publié dans les années 1997-2000 en trois volumes différents de plus de 540 pages chacun. La version allemande dut même faire rapidement l’objet d’une réédition. Au total plus de 5000 volumes furent vendus en Suisse et à l’étranger. En 2003 après les mises à jour nécessaires, les trois versions linguistiques, accompagnées d’un logiciel de recherche pour PC et MAC, étaient réunies sur un seul CD-ROM.

4.- Le cycle de conférences

Il devenait rapidement évident que le G.R.A. se devait d’entretenir un dialogue non seulement avec ses membres correspondants, mais aussi avec les nombreux membres des Loges romandes. Commencé modestement en 1995 par des membres actifs du G.R.A., le cycle annuel fit place dès 2002 à un rythme semestriel, particulièrement apprécié par un nombre grandissant de FF\.

Des orateurs illustres, issus de la Maçonnerie et du monde profane (français, italiens, espagnols, belges), ont activement contribué à répandre la renommée de ce cycle de conférences. Leurs contributions ont été, dans la mesure du possible, incluses dans la revue Masonica.

5.- La revue Masonica

L’énorme investissement en effort déployé dans la recherche et la publication du Guide retarda la publication de notre revue, dont le premier numéro parut en 1991. D’abord annuelle, elle devint semestrielle dès 2000. A ce jour 19 cahiers sont sortis de presse.

Son contenu reflète non seulement le travail des membres actifs, mais aussi celui d’auteurs appelés aux conférences et de contributeurs libres. La diffusion de la revue est assurée auprès des membres correspondants du G.R.A. Les abonnés, toujours plus nombreux, se répartissent dans tout le monde francophone, en Suisse, Europe et outre-mer.

6.- Les groupes de recherche étrangers

Comme il se doit, le G.R.A. entretient des relations suivies avec une vingtaine de groupes prestigieux en Europe, en Amérique et en Australie. Ces croisements d’informations enrichissent les travaux et publications des uns et des autres.

Une collaboration particulièrement fertile s’est nouée avec la Loge de recherche Quatuor Coronati de Bayreuth. Un jumelage officiel est intervenu en 1994.

Le Prof. Helmut Reinalter, ancien rédacteur en chef de QC Bayreuth a en outre chargé le GRA de confectionner un bref historique de la Maçonnerie suisse ainsi qu’une liste des Maçons suisses illustres en vue de la publication, en 2005, d’un Lexique de la Maçonnerie européenne.

Le G.R.A. est également Membre Associé du « Australian and New Zealand Masonic Research Council ».  

7.- Les relations avec la G.L.S.A

Bien que le G.R.A. soit totalement indépendant et autonome – financièrement et administrativement – il entretient des relations étroites et privilégiées avec la G.L.S.A. Il est devenu traditionnel que le GM de l’Obédience en soit membre actif. Tous les anciens GM vivants sont devenus membres d’honneur.

Plusieurs mandats ont été successivement confiés au G.R.A. : publication du Guide du Franc-Maçon, la rénovation des livrets de l’Apprenti, du Compagnon et du Maître, chacun en deux langues ; enfin, une étude sur le statut de l’Installation ésotérique du Maître en Chaire.

Une Convention entre la G.L.S.A. et le G.R.A. a été signée le 1^er juin 2002. Dans son préambule, cette convention stipule : « La GLSA souhaite favoriser en Suisse la recherche, l’instruction dans les Loges et les échanges maçonniques et culturels avec d’autres obédiences étrangères. (…) La G.L.S.A. entend donc servir de caution morale et matérielle à l’effort actuellement déployé, dans l’intérêt de la Maçonnerie suisse et du mouvement maçonnique en général. »

8.- Les membres

Membres actifs (MA). Seuls à disposer du droit de vote, leur nombre est limité à 30. L’effectif actuel s’élève à 17. Les candidats doivent avoir effectué des recherches et ne peuvent être élus qu’à l’unanimité.

Membres actifs associés (MAA). Désignés par les MA, ce sont des chercheurs qui se sont déjà distingués par leurs travaux mais qui résident trop loin du bassin lémanique pour assister régulièrement aux réunions. Ils sont actuellement au nombre de quatre.

Membres d’honneur (MH). Le Groupe élit à ce titre les MA ou autres personnalités ayant rendu des services importants au G.R.A. ou à la Maçonnerie en général. Ils comptent actuellement cinq FF\, dont trois anciens GM.

Membres correspondants (MC). Les Maîtres Maçons et les Loges peuvent s’abonner à la revue Masonica, recevoir les publications du G.R.A. à un prix de faveur et sont invités aux diverses manifestations du Groupe. Les effectifs se montent à plus de 320.

9.- Le site Internet

Le G.R.A. est ouvert à toute innovation et sujet d’études sur la Maçonnerie.
Le site internet http://www.masonica-gra.ch a pour objet d’entretenir échanges et informations venant du monde maçonnique ou le touchant de près ou de loin, quelles que soient les obédiences. Le G.R.A. répond aux questions posées, met des Maçons et profanes en relation avec d’autres chercheurs.

10.- La devise du G.R.A.

La philosophie du GRA se résume en une phrase : Acquérir davantage et remettre cet acquis en cause. En d’autres termes, accumuler en permanence un nouveau savoir et ne jamais considérer ce savoir comme définitif ; partir du concret pour aboutir à des niveaux complexes et subtils, sans verser dans le dogmatique.

Traduite en termes symboliques, cette aspiration à la fois factuelle et spirituelle nous amène du verbe AVOIR au stade du SAVOIR, puis CONNAITRE pour s’élever au niveau de l’ÊTRE dans le sens nietzschéen : « Tu dois devenir celui que tu es ». Ces étapes s’inscrivent dans le Carré, devenu Carré Long pour parvenir au Triangle Sacré. Graphiquement, cela donne une sorte de flèche qui indique le mouvement désiré.