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ÉTUDES MAÇONNIQUESpar R.W.Bro. LEON ZELDISLE SYMBOLISME DE LA PIERRE |
On
se demande souvent pourquoi les fondateurs de la Maçonnerie symbolique ont
choisi les Loges des Tailleurs de Pierre pour y apporter leurs connaissances
philosophiques et scientifiques. Ils auraient tout aussi bien pu porter leur
choix sur les guildes des charpentiers, des ferronniers, des tisserands ou des
bateliers pour y faire vivre, leurs systėmes philosophiques et moraux voilés
par les symboles. Nous
verrons par l’étude du symbolisme de la pierre que celle-ci mérite largement
le choix de nos prédecesseurs. Introduction Depuis
les temps préhistoriques, la pierre, par sa solidité et sa résistance, a
toujours été le principal matériau pour la construction et le décor de
constructions importantes. Peu
importe pour nous, la structure physique et chimique de la pierre. Qu’il nous
suffise de dire que la pierre est un élément non-métallique provenant de rocs
et qu’elle existe sous divers degrés de dureté et de brillance. Elle est
ainsi utilisée pour le bâtiment, pour la sculpture, pour les décors et pour
l’industrie. On a découvert plus tard que la pierre n’est pas complėtement
inerte, qu’elle réagit à différents phénomėnes naturels et détient
en elle une certaine forme de la vie. Dans
l’antiquité La
pierre est considérée comme le premier matériau utilisé par l’homme pour
en faire ses outils pour frapper, pour couper et pour moudre. Ces outils ont été
améliorés avec le temps par l’emploi d’un manche en bois. “L’Homo
Sapiens” est devenu ainsi “L’Homo Saber” capable de chasser et de
transformer son entourage grâce à des outils de plus en plus perfectionnés au
lieu de rester passif devant les apports de la nature. La
pierre ne fut pas seulement une arme ou un outil: Elle devint bien vite un objet
de vénération de l’homme primitif. Des pierres sacrées furent trouvées en
plusieurs fouilles archéologiques notamment des cavernes habitées par les
hommes de l’âge de la pierre. Actuellement encore, certains aborigėnes
d’Australie croient que les âmes de leurs ancêtres continuent à vivre dans
des pierres qui acquiėrent ainsi des pouvoirs divins. Ce pouvoir augmente
en frottant la pierre et influe tant sur la vie que sur la mort. De
nombreuses pierres sacrées existaient dans la civilisation grecque. On les
appelait “baetylus” ou “baetulus” mots dérivés probablement du mot hébreu
“beit-el”
(maison de Dieu). La pierre était considérée comme le symbole d’un Dieu
comme, par exemple “l’omphalos” la “Pierre Sainte” qui se trouve dans
le temple d’Apollon à Delphes et était considérée comme marquant le centre
de l’univers. De
nombreux dieux étaient nés de rochers, comme par exemple Mithras dont le culte
était opposé au Christianisme en ses premiers temps. La pierre était considérée
comme “petra genitrix” et assimilée à la Grande Déesse, la “matrix
mundi”. Les cavernes creusées dans les rocs étaient à la fois des abris
pour les hommes et des lieux sacrés où étaient célébrés les mystėres
comme ceux de Demeter qui font partie des mystėres d’Eleusis. Les
Alchimistes qui manipulaient surtout les métaux, cherchaient pourtant “la
Pierre Philosophale” qui devait servir de catalyseur pour transformer le vil métal
en or. Souvenons-nous
de l’inscription hermétique V.I.T.R.I.O.L. que nous voyons dans le Cabinet de
Réflexion et qui signifie, en latin : “Visite l’Intérieur de la Terre et
tu trouveras la Pierre Cachée”. Le
contact avec le métal, enlėve à la pierre sa pureté car le métal est en
quelque sorte lié au démon, alors que la pierre possėde des vertus
positives. C’est une des raisons, selon Mircea Eliade, pour laquelle on enlėve
ses métaux au Candidat avant son initiation. Il est à noter que les anciens Hébreux
utilisaient des pierres non taillées (qui n’ont pas été en contact avec un
métal) pour leurs monuments rituels et pour leurs autels. Les
tribus germaniques croyaient également que l’âme des morts continuait à
vivre dans leur pierre tombale. Des dieux en pierre sont érigés et adorés
dans les lieux sacrés depuis la plus haute antiquité. Qu’il nous suffise de
penser aux ménhirs et aux dolmens qu’on retrouve un peu partout en Europe, en
Asie Mineure et en Amérique Centrale et qui remontent à des périodes allant
depuis 2350 à 1350 A.C. Les
pierres ne se trouvent pas seulement sur la terre : il y en a qui tombent du
ciel. Certains de ces aérolithes ont été l’objet d’une adoration et
considérés comme une incarnation divine. Quand
les Romains prêtaient serment, ils tenaient une pierre dans leur main. Celle-ci
était appelée “Jupiter lapis” et symbolisait la présence de Jupiter
(Zeus). L’échelle
de Jacob qui figure sur le tableau de l’Apprenti se rapporte directement au
pilier en pierre qu’il a érigé aprės son rêve. Selon
la tradition chrétienne Selon
la Bible, Jésus donna le nom de “Pierre” au pêcheur Simon et il lui dit : “Je
te dis que tu es Pierre et que sur ce roc, je bâtirai mon église”. Dans le
premier livre des Corinthiens (chap.10/4) on peut lire : “Car ils ont bu dans
le roc spirituel qui les accompagnait et ce roc était le Christ”. Le
Saint Graal décrit dans Parcival serait fait en une pierre trės dure,
appelée lapis
exillas, ce qui rappelle la pierre philosophale des Alchimistes. Selon
la tradition Islamique Chaque
musulman doit faire au moins une fois dans sa vie, le pélerinage à la Mecque
et faire 7 tours autour de la Kaaba, la pierre noire qui, selon la tradition est
un météorite, une pierre tombée du ciel. Les pélerins accomplissent aussi le
rite de “lapider le diable” en lui jetant des pierres prės de
Mina. Dans
le “dôme du roc” construit sur le lieu où se trouvait le Sanctum Santorum
du Temple à Jerusalem, se trouve une pierre à partir de laquelle Mahomet, monté
sur une mule blanche nommée Al Burak, serait monté au ciel. Dans
la littérature Maçonnique On
retrouve le symbolisme de la pierre dės le 1er. Grade où l’Apprenti doit
polir la pierre brute avec le maillet et le ciseau et des pierres de diverses
formes apparaissent dans les grades suivants. A
la fin de son initiation, le Candisat est placé de maniėre à constituer
une pierre angulaire du Temple spirituel qu’il est appelé à construire. Dans
un des premiers manuscrits maç\
(Dumfries No.4 – 1710) il est écrit que “l’oeuvre
du Maçon est de construire toute sorte d’oeuvres précieuses en pierre
(Temples, Eglises,cloitres, cités, chateaux, pyramides, tours etc. )”. Le
Maçon lui-même est défini comme une pierre qui fait partie du Temple Idéal
de l’Humanité. Par
cette brėve étude sur les significations matérielles et symboliques de la
pierre, nous pouvons comprendre pourquoi la profession des maçons a été
choisie pour symboliser le travail de nos ancêtres spéculatifs. Traduction:
M.F.A. |