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MASONICA - La Revue du GRA rencontre PS Review of Freemasonry
Chercheurs de Lumière

Dix Études Maçonniques témoignage de plus de vingt ans d'activités du Group de Recherche Alpina (GRA)

PS Review of Freemasonry
Ce projet est sponsorisé par Le Groupe de Recherche Alpina (GRA) - Groupe de Recherche Maçonnique Suisse.




À PROPOS DU GADL’U, du temps et de la connaissance.
par le Vén. Frère Michel Jaccard
Rédacteur de Masonica.


Le Grand Architecte de l’Univers, un des symboles les plus connus, est, pour la FM dite traditionnelle, un des noms du Dieu révélé dans la Bible. Toutefois, cette affirmation, paradoxalement, ne donne pas une ouverture à la mesure de l’incommensurabilité que ce nom devrait recouvrir. Serait-ce que la Révélation, telle qu’elle est présentée par nos prêtres et pasteurs, ne nous permettrait guère de prendre l’envol auquel la quête d’absolu semble pourtant nous inviter ?

 

Une religiosité basée sur des croyances…

 

Pour les êtres qui privilégient la recherche, il est difficile d’accepter des croyances dogmatiques. Toutefois, si l’on se réfère à la morale, qui a toujours été une étape de la quête spirituelle, les règles de conduite ne prêtent guère à interprétation.

 

Mais la loi "Tu ne tueras point" a été violée en toute bonne conscience par de pieux soldats. Enfin, le contexte volatil en matière de société, de mœurs et d’environnement invite à un réexamen des règles morales : c’est actuellement le rôle de l’éthique.

 

Ainsi les situations que rencontre maintenant l’Homme ont quelque chose en commun avec la pédagogie des cas de management élaborée à Harvard : elles suscitent de nombreux niveaux d’analyse, induisent plusieurs significations et les solutions trouvées pour les résoudre ne sont généralement pas uniques. Pourtant, dans notre univers matériel, l’esprit applique toujours une forme perverse du principe d’identité qui, appliqué à une problématique, scande : un problème, une solution.

 

Même la philosophie de l’ésotérisme, basée sur la Philosophia Perennis et l’unité transcendante des religions, et développée par R. Guénon et F. Schuon, n’est pas sans problème. Facilitant au début le dialogue œcuménique, elle devient un moule de conformité dans lequel les religions doivent entrer pour relever de la " Tradition primordiale ". Ce dogmatisme transcendantal a souvent rendu les disciples de Guénon intransigeants et à la limite de l’intégrisme.

 

…une autre sur la quête de sens…

 

Pour beaucoup, être religieux est une quête de sens, de celui de l’univers qui nous entoure, mais aussi de l’être, de notre vie et de notre psychisme. Ce dernier est souvent comparé à une structure multicouche allant du particulier à l’universel. Cette quête, souvent bafouée et profondément insatisfaite dans notre société technico-commerciale, est vraisemblablement une des sources du fondamentalisme. La cerner n’en est que plus important. Y a-t-il une approche qui nous permettrait d’effleurer ce qu’est une attitude religieuse de ce type ? Y aurait-il par exemple une intuition féconde dans l’utilisation des mots Grand Architecte de l’Univers, pour ce qui est de la quête du sens au sein du cosmos ?

 

…Et l’utilisation heuristique d’un symbole…

 

S’il y a un architecte, c’est en priorité bien celui qui, virtuel, utilise les données de nos sens pour construire à chaque instant un univers intérieur, reconfiguré par tous les contenus de la conscience. Qui est en mesure d’imaginer que la conscience puisse persister sans message(s) des sens ?

 

rm_bernheim
¨ RÉALITÉ MAÇONNIQUE
par Alain Bernheim
Numéro hors série de Masonica.

Considérons maintenant un autre Architecte, celui qui aurait construit l’univers, et dont l’être humain, dans sa complexité, n’est qu’une infime partie, amené à le refléter. Dans la pensée linéaire qui est souvent la nôtre, l’architecte trace un plan en utilisant les résultats de la géométrie, la première mathématique, mais aussi en satisfaisant aux contraintes décrites par la statique et la physique des matériaux, avec une bonne dose d’empirisme. Du plan à l’édifice, tout semble être dit. L’architecte est généralement commandité pour édifier une construction qui remplit une fonction, un but adapté à un environnement socio-historique, respectivement culturel donné et dans le cadre d’une enveloppe budgétaire déterminée.

 

Qui met en évidence l’indépendance des œuvres créatrices…

 

Néanmoins, la vocation d’architecte, mais aussi l’aptitude de celui-ci à gagner des concours, ne s’explique pas par le désir, ni par la capacité de réaliser des ouvrages en tenant compte de multiples contraintes. Bien au contraire, celles-ci n’apparaissent que comme les conditions cadres permettant l’émergence du génie créateur, qui s’exprime notamment par une esthétique porteuse d’éternité, défiant toute exégèse ultime, même si l’auteur de l’édifice semble s’être complètement exprimé. Il en est de même dans les arts et en littérature, où, une fois créés, les personnages des romans semblent avoir leur vie propre. Le mystère de la production créatrice dépasse son auteur. L’intuition est souvent vécue comme un " flash " lumineux et numineux.

 

Si l’entendement humain n’est pas à même d’épuiser les significations d’une œuvre, n’en serait-il pas de même pour un être aussi complexe que l’Univers ?

 

Ainsi, le symbole du GADL’U renvoie à une œuvre distincte de son créateur, la création, qui lui échappe en quelque sorte, et qui, contrairement à lui, a un début et une fin.

 

Est-ce vrai pour l’Univers que nous appréhendons ? Chrétiens et scientifiques par exemple répondent par l’affirmative : les premiers puisent leur certitude dans la Genèse et l’Apocalypse alors que les seconds se réfèrent à une succession d’intuitions, d’hypothèses, de modèles et d’observations, voire d’expériences. Les Bouddhistes sont d’un avis contraire, se référant à leur connaissance fine de la continuité des courants de conscience, de témoignages relatifs à des contenus psychiques survivant à la mort, qu’ils rapprochent des processus et cycles naturels. Enfin, certains astronomes ont pu élaborer des modèles d’univers où de la matière est créée à chaque instant dans un univers en expansion continue, dont il est difficile d’imaginer la fin et le début.

 

Se vérifiant même en mathématiques…

 

En Franc-Maçonnerie, on utilise aussi l’expression "Grand Géomètre de l’Univers" pour nommer Dieu. Un mathématicien ne se borne pas à connaître les résultats de théorèmes et à les appliquer. Son activité se déroule dans un monde créé par lui-même ou par un (ou plusieurs) confrère(s). Elle lui permet de découvrir par un dur labeur les propriétés que celui-ci possède. Tout se passe ici aussi comme si, une fois la création achevée, l’objet produit disposait d’une autonomie qui échappe à celui ou celle qui lui a donné naissance, puisqu’il est obligé d’en découvrir ses propriétés. On retrouve là une des formes du mythe de Pygmalion ou du Golem de Prague.

 

Ainsi, dans cette perspective, notre univers apparaîtrait inconnaissable dans sa totalité, susceptible de plusieurs lectures toutes valides ; un univers créé certes par Dieu, mais disposant d’une liberté qui lui échapperait.

Un Dieu géomètre est le réceptacle de formes explicatives qui, par leur abstraction, ont un haut degré d’immuabilité. Est-ce le cas avec les mathématiques utilisées pour décrire l’univers ? Bien que la majorité des scientifiques voient désormais dans les mathématiques un instrument semblable au langage, donc contingent, le débat est loin d’être clos, et il porte en lui une autre interrogation. Si l’Homme est fait à l’image de Dieu, est-il apte à comprendre l’univers ? La connaissance de l’univers peut-elle être validée ? Les mathématiques sont-elles un savoir ultime?

 

Ou encore…un être fait de poussières d’étoiles, porte-t-il en lui-même, sous forme d’univers replié, les germes" de la connaissance de l’univers, "germes" qui ne demanderaient qu’à être activés par un input externe, un peu comme les structures cognitives de l’enfant décrites par Piaget?

 

On a maintenant de la peine à imaginer quels débats cette question a provoqués dans le passé. Pour certains, la chute adamique rendait cette connaissance sans objet, sans but et même dangereuse. John Dee, mage et brillant savant du service de renseignements de la reine Elizabeth au XVIe siècle, est intéressant. Il pensait que seul un dialogue avec les anges permettait d’apporter des réponses ultimes. Cette pensée n’est pas sans irriguer encore les courants du " channeling " d’un New Age vieillissant…

 

Et permettant de s’interroger sur la présence de Dieu

 

Une des questions suivantes, qui ne fait pas l’objet d’une approche symbolique simple par la Franc-Maçonnerie, a trait aussi à la présence de Dieu. Est-il toujours présent, indispensable à la pérennité de l’univers, manifeste-t-il seulement sa présence lorsqu’on l’appelle…ou pas du tout !? Est-il en nous comme un germe caché du Royaume de Dieu qui se manifestera à la fin des Temps par la venue de la Jérusalem céleste ou comme une force extérieure qui nous pénètre lorsque nous le désirons.

 

Cette question de la présence de Dieu, largement débattue, qui fait l’objet d’expériences mystiques contradictoires, n’est pas anodine. Le paradigme darwiniste désormais dominant considère la vie comme le produit du hasard et de la nécessité, deux forces aveugles et chaotiques. C’est probablement un des points les plus sensibles pour les scientifiques croyants du XXIe siècle que d’apporter des réponses porteuses d’avenir à cette question fondamentale, qui dépasse largement le contenu des constructions théologique du christianisme, et qui engendre une insatisfaction croissante.

 

Et de le considérer comme un horloger…

 

Enfin, certains maçons du XVIIIe siècle, épigones de Newton, voyaient aussi Dieu comme un Grand Horloger. C’était se poser la relation du temps et de Dieu. Si Dieu est un Horloger, l’univers, doté d’une structure précise et d’une régulation robuste, évolue de manière prévisible pour qui en possède toutes les variables, et " fonctionne " sans la présence agissante de Dieu, qui en a été l’artisan et fixé les conditions initiales. Cette intuition semble être contredite actuellement par la majorité des sciences, qui incluent une part d’imprévisibilité dans leurs théories, tout particulièrement dans la connaissance des conditions initiales…

 

Ce qui permet de se poser aussi la question de la nature du temps…

 

De fait, deux valorisations du temps s’affrontent en philosophie :

 

- Le présentisme, qui met l’accent sur l’instant présent et considère le passé comme dépendant de lui. Le présent conditionne aussi l’avenir. Il influence aussi grandement notre connaissance du passé. Dieu se manifeste Ici et Maintenant, dans nos cœurs, mais aussi par des miracles ou des événements significatifs. L’autonomie, respectivement le pouvoir, de l’être humain, sont importants. Nous sommes nés une fois et participerons vraisemblablement, pour les Chrétiens, à la résurrection des corps. Nous n’aurons peut-être pas de seconde chance.

- L’éternalisme, qui met l’accent sur le temps comme élément continu et valorise de manière égale le passé, le présent, l’avenir. Le passé conditionne le présent et l’avenir pourrait bien dépendre d’autres paramètres que le présent. Voici les racines d’un temps cyclique, du mythe de l’Eternel retour et des cycles chers à Hésiode et à la philosophie indienne. La condition humaine est limitée, nous portons en nous l’héritage de nos vies antérieures et seule la libération nous permettra de sortir du " samsara ".

 

À l’échelle de la vie humaine, l’astronomie de position, les cycles saisonniers, lunaires, journaliers, ceux des marées, offrent l’image d’une Nature dont le temps flirte avec l’éternalisme, et qui fait apparaître périodiquement les mêmes structures primordiales. Nous sommes proches du temps d’un Grand Horloger, dont les mathématiques remplacent les archétypes néoplatoniciens.

 

À l’inverse, la brièveté de la vie humaine, ses imprévus, le vieillissement inévitable, sa fin parfois tragique, le "on ne se baigne jamais deux fois dans la même rivière", le darwinisme qui institue la durée comme une variable essentielle de l’évolution, l’intuition donnée par le deuxième principe de la thermodynamique qui postule un degré de désordre croissant, participent l'un et l'autre à un présentisme où la relation avec Dieu doit prendre un caractère personnel social et culturel, contractuel souvent antinaturel.

 

Et de son rôle dans la recherche de la Connaissance en FM…

 

La Maçonnerie, et tout particulièrement le REAA, entretient une relation ambiguë avec le temps. D’une part, grâce à la philosophie des Lumières, elle hérite d’une vision harmonieuse mais mécanique du cosmos qui valorise les cycles, ceux de la Nature en particulier. Par sa confiance en l’Homme et en son rôle de porteur de lumière, elle emprunte ainsi au présentisme le contrôle essentiel que celui-ci exerce sur son environnement spatial et temporel.

 

Toutefois, la relation que la Maçonnerie entretient avec la Vérité et la Connaissance semble des plus paradoxales :

 

Le Maçon qui embrasse le christianisme y voit avant tout la Vérité de l’Incarnation du Christ et de sa promesse.

 

C’est fonder la Vérité sur un événement ponctuel chargé d’une signification ultime, une forme de présentisme du passé, pour lequel le temps qui s’est écoulé depuis n’a qu’une importance relative.

 

Pour le Maçon qui hérite de la philosophie des Lumières, la Vérité est illuminée par le Progrès de la Connaissance scientifique et il vaut la peine de sacrifier temps et peine pour fonder l’avenir, afin de léguer aux générations suivantes un monde meilleur. C’est la foi en l’avenir qui garnit les coffres-forts des banques avec l’épargne des besogneux, tout en permettant aux riches de se servir à des taux d’intérêt faibles (il est vrai que, plus près de la Vérité de la volatilité conjoncturelle du marché", ils en ont une perception plus éternaliste…). "Dieu est à nos côtés" et la fondation des Etats-Unis, le premier état démocratique libéral, basé sur la notion de progrès, comporte, selon certains historiens américains, des coïncidences étranges qui ne peuvent s’expliquer que par des signes d’encouragement de La Divine Providence...

 

Et de mettre en exergue un des grands défis du XXIe siècle.

 

Toutefois, dans sa quête, le Maçon est aussi conduit à s’interroger sur ses origines et à retrouver ce qu’il avait perdu. Qu’il est curieux de ne pouvoir être complet qu’en faisant ressurgir un passé ancien !

 

La perception d’une Présence divine à nos côtés, dont nous avons l’intuition ou dont nous faisons plus rarement une expérience directe, peut certes s’exprimer par des symboles archaïques, mais elle transcende, bien entendu, le temps. Elle apparaît alors comme l’Ancien des jours : c’est le règne d’Or et d’abondance de Saturne, ce dernier apparaissant à la fois comme porte de libération et de prison, suivant que l’on réussit ou pas à en franchir le seuil.

 

Savoir scientifique et connaissance spirituelle émergent de l’Eternelle Présence et ont chacun leur validité, comme le monde extérieur et intérieur qui les sous-tendent. C’est certainement un des défis majeurs du XXIe siècle que d’approfondir leur contenu respectif et leurs interfaces. La FM pourrait y contribuer, car la pensée qui émane d’elle est au cœur de ce débat.

 

Ne s’agit-il pas de deux faces d’un même Etre, comme éternalisme et présentisme recouvrent vraisemblablement deux perceptions complémentaires de la qualité de l’instant de la vie humaine.

 



Le Groupe de Recherche Alpina est une association de Francs-Maçons suisses soucieux de la pérennité traditionnelle de l’Institution et de son adaptation au monde moderne.

Sans prendre la forme d’une Loge, quelques Frères ont créé ce groupe de réflexion et d’études le 28 septembre 1985 à Berne, groupe volontairement limité à 30 membres actifs (MA). Ils se réunissent quatre fois par an à Lausanne. Selon ses statuts, le GRA a été constitué dans le but de réunir des Frères Maîtres Francs-Maçons qui ont un intérêt particulier pour la recherche dans les domaines du symbolisme, des rituels, de la philosophie, de l’histoire, de la littérature et de l’art en Franc-Maçonnerie. Les MA doivent posséder le grade de Maître et appartenir à la Grande Loge Suisse Alpina (GLSA) ou à toute autre obédience avec laquelle elle entretient des relations amicales.

Les travaux du G.R.A. sont publiés dans une revue semestrielle (Masonica) ainsi que dans divers ouvrages destinés aux jeunes Maçons. Le G.R.A. organise en outre un cycle semestriel de conferences.

Les Maîtres Maçons et les Loges peuvent s’abonner à la revue Masonica, recevoir les publications du G.R.A. à un prix de faveur et sont invités aux diverses manifestations du Groupe.

Pour devenir membre correspondant du G.R.A.: info@masonica-gra.ch

Le site internet http://www.masonica-gra.ch a pour objet d’entretenir échanges et informations venant du monde maçonnique ou le touchant de près ou de loin, quelles que soient les obédiences.



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