Puisque
pour accéder au grade de Compagnon, le Maçon
encore Apprenti doit effecteur cinq voyages, que pour mieux se comprendre et
pour mieux appréhender le monde qui l’entoure le Compagnon
Franc-Maçon doit voyager et que tout voyage doit commencer au début du chemin,
tournons nos yeux vers l’Etoile Flamboyante et suivons la voie qu’elle nous
trace sur le chemin de la Connaissance et de la vraie Lumière.
L’Etoile
Flamboyante, pentagramme à cinq branches, nous rappelle tout d’abord que le
grade de Compagnon est intimement
lié au nombre cinq et que ce nombre cinq est lui-même intimement lié à
l’Etoile.
Dès
la cérémonie d’augmentation de salaire, le futur Compagnon
fait cinq voyages, il est sensibilisé à l’ouverture des cinq sens et prend
connaissance des cinq ordres d’architecture. Il est également consacré Compagnon
Franc-Maçon par cinq coups de maillet sur l’Epée Flamboyante du Vénérable
Maître. Désormais, le Compagnon
doit grimper cinq marches avant l’entrée du Temple, il demande
l’entrée du Temple par cinq grands coups,
il doit entrer au Temple par cinq pas réguliers et grâce au travail loyalement
accompli de midi à minuit il a maintenant cinq ans.
Enfin,
selon le rituel du Rite Ecossais Ancien et Accepté, en Chambre de Compagnons,
l’Etoile Flamboyante est éclairée à l’Orient à la place du Delta
Lumineux. Elle siège ainsi au dessus du Vénérable Maître et éclaire le
Temple de sa quintuple puissance.
Pour
tracer ce pentagramme mystique, il nous faut employer la proportion dorée, si
chère aux sages de l’antiquité. Et pour trouver cette proportion, grossièrement,
nous pouvons même diviser le 5, nombre du Compagnon par le 3, nombre de
l’Apprenti. Ce calcul nous donne le nombre d’or : 1,618. C’est cette
proportion que les sculpteurs grecs ont considérée comme la plus harmonieuse
et qu’ils ont employée dans leurs représentations du corps humain. Par
l’application du nombre d’or, l'Homme est donc devenu pour eux un symbole
d'harmonie. Dans son livre « De Architectura » Vitruve a indiqué que les proportions d'un
bâtiment devraient correspondre à ceux d'une personne, et il a employé la
proportion dorée pour fixer ce qu'il a considéré comme les mesures relatives
d'un humain idéal. L’une des illustrations les plus frappantes de ce corps
harmonieux se trouve dans le célèbre « Homme de Vitruve », où Léonard de Vinci inscrit l’Homme,
telle une étoile à cinq branches, dans un cercle. Souvenons-nous que pour les
adeptes de Pythagore, le cercle représente le royaume de l’Esprit. Si ce
corps, assimilé à l’Etoile, est le summum de l’harmonie physique ou
terrestre, alors l’Etoile à cinq branches, pentagramme tracé selon les préceptes
du nombre d’or, est celui de l’harmonie céleste ou spirituelle.
Située
à l’Orient, l’Etoile à cinq branches, rayonnant de lumière, avec en
son centre la lettre G, est la manifestation permanente en loge de Compagnon
du pentagramme tracé à la craie d’un seul trait par celui qui aspire à être
reçu au second degré lors de la cérémonie d’augmentation de salaire.
A
chaque trait tracé, le Maçon éveille en lui les cinq éléments si chers aux
hermétistes : la Terre, l’Eau, l’Air, le Feu et enfin l’Ether. Car tout
comme la rose à cinq pétales, l’Etoile Flamboyante évoque l’accès au
cinquième élément, l’Ether, jusque là caché dans la cavité du cœur.
Cette
Etoile est donc semblable à l’homme. Peut-être pourrions-nous même dire
qu’elle est le miroir de l’Homme. Car comme nous l’enseigne la Table
d’Emeraude, tout ce qui est en haut est comme tout ce que est en bas, le
microcosme est le reflet du macrocosme. La Bible nous enseigne que l’Homme est
fait à l’image de Dieu. Lorsque Ponce Pilate présente Jésus à la foule il
s’écrie « Ecce Homo »,
« Voilà l’Homme ». Le
Christ sur Terre, le Fils de l’Homme, était bien le reflet terrestre de Dieu
le Père, le « G » qui trône au cœur de l’Etoile Flamboyante.
Mais
cette lettre « G » peut aussi signifier « Géométrie »,
le fondement de toute science, où même « Gravitation », « Génération »,
« Génie » ou « Gnose ». Si la gravitation est la force
primordiale qui règle le mouvement et l'équilibre de la matière, il est aussi
pour le Franc-Maçon le symbole
de l'amour qui rapproche les cœurs et les maintient dans une étroite union
fraternelle. La génération, puissance d'engendrer, est cette force vitale qui
assure le maintien de la vie et son évolution dans la direction de l'idéal;
qui pousse le Maçon à se dépasser
sans cesse. Le génie, forme supérieure de l'intelligence humaine, inspire
l’Homme éclairé à chercher sans relâche et trouve son expression dans la
création intellectuelle, morale et artistique. Le travail du Maçon
met quotidiennement son génie au service des principes de notre Ordre.
La gnose, représente enfin la Connaissance sacrée, ce que l’Apprenti
cherche à tâtons dans les ténèbres et que le Compagnon
cherche dans le monde extérieur. Peut-être pourrions-nous dire que l'Étoile
Flamboyante est une synthèse de toutes ces sciences et que la lettre « G »,
qui brille en son centre, en signifie la juste application.
Ainsi,
si l’Etoile Flamboyante représente l'Absolu, l’Univers, le macrocosme, avec
en son cœur la lettre G, symbole de la Géométrie sacrée et de Dieu
G\A\D\L’U\,
elle représente aussi l’Homme, l’Initié, le Franc-Maçon,
ayant en lui le cœur éclairé par la Lumière du Grand Architecte.
Il
est encore dit dans la Bible (Exode 34,29) :
« Il
ne savait pas, lui, Moïse, que la peau de son visage
était
devenue rayonnante en parlant avec le Seigneur ».
Lorsque
Moïse a grimpé vers le sommet du Mont Sinaï, il a spirituellement fait le
chemin inverse et est descendu au plus profond de lui-même. C’est là où il
a atteint l'initiation suprême, le contact avec la Vérité et il est devenu
physiquement flamboyant. Dieu, le feu vivant, l'a purifié. Le visage de Moïse,
lieu d'expression de sa pensée, était illuminé. Le flamboiement de l’Etoile
caractérise alors l'Initié. Car tout comme le rayonnement de l’Etoile répand
sur l’Initié la Lumière de la Vérité, le Franc-Maçon,
rayonnant à son tour du feu de la Connaissance, doit s’efforcer de briller et
de servir d’exemple, de guide en quelque sorte, dans le monde profane.
Rappelons-nous
les paroles de Saint Pierre dans son deuxième Epître: « jusqu'à
ce que le jour commence à poindre et que l’astre du matin se lève dans vos cœurs ».
C’est une belle image de la quête du Compagnon
qui avance entouré de ténèbres qui se dissipent peu à peu, qui au fur et à
mesure qu’il poursuit son voyage à l’intérieur de la Terre n’est pas
aveuglé par l’ombre mais, au contraire, aperçoit plus de lumière. A
l’instar des rois mages, qui ont suivi un chemin tracé par une étoile
brillant dans la voûte céleste avant de trouver l’enfant Jésus, celui-là même
qui est la Lumière faite chair, le Compagnon
doit suivre l’Etoile Flamboyante, l'emblème de la Lumière divine, l’astre
qui se lève dans son cœur et qui le guidera dans sa quête initiatique.
C’est
ce que rappellent les paroles prononcées lors du Départ du Compagnon pour son
premier voyage en dehors du Temple lorsqu’il est demandé « A-t-il
gravé dans son cœur le tracé de l’Etoile Flamboyante, son guide ? ».
Le 1er Surveillant répond alors « Le Compagnon a gravé l’Etoile Flamboyante, emblème des lois éternelles
qui illuminent la conscience des Maçons. Au cours de son voyage, il saura les
reconnaître et s’imprégner de son illumination. Il médite le symbole de la
lettre G, principe éternelle de toute existence ». Seulement après
avoir tracé l’Etoile Flamboyante, le Compagnon peut-il débuter son voyage,
avec dans ses oreilles le dernier conseil chuchoté du Vénérable Maître
« Va, et que la lumière de
l’Etoile Flamboyante illumine ton chemin ! ».
L’Etoile
Flamboyante, empreinte de la lettre G, est donc le symbole qui transforme le
Franc-Maçon en nouveau Perceval, en quête du Graal, de sa place matérielle et
spirituelle dans l’Univers. Mais le Compagnon est encore loin d’être un
Galaad des temps modernes. Il ne trouvera pas le Graal car son voyage n’est
pas terminé et ses yeux ne sont pas encore assez forts pour supporter tout l’éclat
de la vraie Lumière. Le Graal, symbole de la perfection divine, de la conquête
de cette perfection enfouie au fond de soi, ne peut être conquis brutalement,
matériellement. Il ne sera atteint que par une transformation de l'Esprit et du
Cœur. La lettre G, placée au centre de l’Etoile Flamboyante, peut donc aussi
signifier « Graal ». La pierre philosophale, la vrai Lumière, la véritable
Connaissance de soi et celle des Dieux et de l’Univers, c'est le Graal, le Cœur
du Temple que chaque Maçon bâtit A L\G\D\G\A\D\L’U\.
C’est la quête de ce Graal qui permettra la transmutation du Plomb en Or, du
Profane en Initié.
En
traçant l’Etoile Flamboyante, le Maçon unit donc le microcosme au
macrocosme. Il se transforme en athanor et, en ouvrant ses cinq sens aux Vérités
enfouies au plus profond de lui-même, il éveille l’Ether. Ainsi, par l’opération
de l’Ether et des quatre éléments purificateurs, il ouvre l’œil du cœur
et il pourra voir l’Etoile Flamboyante se lever en lui. Le Compagnon sait
alors qu’il peut s’écarter de la ligne de l’Apprenti dans sa découverte
du monde extérieur. Mais il sait aussi qu’il doit savoir revenir à la Règle
et suivre toujours sa marche vers l’Etoile. Il accomplit ainsi une étape de
son alchimie interne, qui lui permet de s’élever, de mieux voir cette pierre
qu’il ne cesse de polir et de prendre un nouveau pas sur le chemin vers la
connaissance de soi et l’accomplissement du Grand Œuvre.
Eprouvez-moi
par l’Equerre mes Frères, demandez-moi
si je suis Compagnon, et je n’aurai qu’une seule réponse à vous
donner : « J’ai vu l’Etoile
Flamboyante ! »
Sources:
Jules Boucher, La Symbolique Maçonnique
Irène Mainguy, La Symbolique Maçonnique du Troisième Millénaire
Mes remerciements à l’auteur anonyme d’une planche sur le même sujet, qui m’a fourni plusieurs de pistes de réflexion et d’inspiration (http://reveil.anicien.free.fr/page21.htm).
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