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ÉTUDES MAÇONNIQUES - MASONIC PAPERSby W.Bro. ALAIN BERNHEIM 33°LA STRICTE OBSERVANCE - Part 1 |
La découverte dans un fonds d’archives
breton, l’année dernière, d’un document d’un intérêt exceptionnel pour
l’histoire de la Stricte Observance, m’a incité à reconsidérer ce soir
avec vous ce que nous savons et ce que nous croyons savoir de ses origines par
rapport au développement de la franc-maçonnerie au 18e siècle. LA STRICTE OBSERVANCE ET SES HISTORIENS On peut appliquer à la Stricte
Observance les mots que Lantoine employait à l’égard du Rite Ecossais Ancien
et Accepté: la Stricte Observance est « célèbre
et peu connue ».[i]
Célèbre parce que l’atmosphère
romantique qui entoure le stuartisme est liée aux débuts même de la Stricte
Observance et au séjour de neuf mois que fit von Hund à Paris en 1743. Célèbre
parce qu’avec la Stricte Observance le thème de la chevalerie semble faire
son apparition dans la franc-maçonnerie, non plus de manière générale comme
dans le Discours que Ramsay avait prononcé au mois de décembre 1736, mais
comme chevalerie templière, fondement d’un système maçonnique. Célèbre
enfin parce que pendant les vingt années de son triomphe, la Stricte Observance
va remplacer la franc-maçonnerie anglaise presque partout en Allemagne et que
les transformations que lui fera subir un Maçon français éminent,
Jean-Baptiste Willermoz, lui assurèrent une pérennité qui la rend présente
parmi nous aujourd’hui sous le nom de Régime Ecossais Rectifié. Célèbre donc, mais peu connue, pourquoi ? Pour deux
raisons. L’une tient à notre approche
de l’histoire de la franc-maçonnerie au 18e
siècle, nous en parlerons dans un instant. L’autre provient du fait que
l’immense majorité des documents et des études se rapportant à la Stricte
Observance furent écrits en allemand, langue en général peu familière aux
historiens francophones de la maçonnerie. Il fallut attendre fort longtemps
pour voir paraître en français des études qui lui soient consacrées. Ce fut
le travail auquel René Le Forestier
consacra sa vie depuis 1928. Mais ici survient une situation
très particulière. Alors que les livres d’histoire maçonnique sont si
nombreux que leur abondance même rend parfois les synthèses délicates - ne
parlons pas des convictions particulières des historiens, souvent nuisibles à
l’objectivité -, dans le domaine que constitue ce que Le Forestier a dénommé
La Franc-Maçonnerie Templière, son
livre posthume, publié en 1970, est le seul ouvrage de référence en langue
française. Cette situation est d’autant plus regrettable que Le Forestier a
systématiquement déprécié l’esprit de la Stricte Observance qu’il considéra
comme une manifestation conjointe ou parallèle d’escrocs ou de rêveurs
irresponsables. En ce qui concerne l’Allemagne,
Le Forestier a utilisé des sources dont presque toutes étaient - et sont
encore - peu familières aux Maçons de langue française, mais la majeure
partie de ces sources sont des sources anciennes et secondaires - par exemple le
Handbuch en trois volumes - qu’il a
recopiées par paragraphes entiers en ne mentionnant jamais ses emprunts. On ne
peut que tomber d’accord avec Robert Amadou qui estimait Le Forestier « toujours
indispensable et douteux ».[ii] Ces mots sévères mais justes
sont applicables à l’historien allemand
Nettelbladt (1779-1843) que Le
Forestier a beaucoup utilisé. Nettelbladt est le contraire d’un historien
objectif. Son livre - réimprimé en fac-similé en 1984 - est presque aussi
volumineux que celui de Le Forestier et, comme lui, il est paru après la mort
de son auteur. Cette édition de 1879 destinée au public, rassemblait une série
d’études primitivement destinées à la seule intention des membres de l’obédience
de Nettelbladt, la Grande Loge Nationale. Ces études avaient été rédigées
entre 1823 et 1836. En un siècle et demi, nos conceptions de l’histoire maçonnique
ont évolué et nous avons beaucoup appris. Parce que Nettelbladt était l’âme
de sa Grande Loge travaillant au Rite Suédois, il ne fit guère usage d’un
auteur antérieur, fondamentalement opposé aux hauts grades en général et au
rite Suédois en particulier, l’un des premiers historiens de la franc-maçonnerie
allemande, Friedrich Ludwig Schröder (1744-1816).
Comme Nettelbladt ignora Schröder, vous ne trouverez pas de mention de son nom
chez Le Forestier. L’oeuvre de Schröder qui est
importante sur le plan quantitatif - les quatre volumes de ses Materialien
et le livre qu’il consacra à Zinnendorf comportent plus de 1700 pages - n’a
jamais été traduite. Elle est quasiment inconnue parce qu’elle est tout
bonnement introuvable. Or il s’agit d’une oeuvre essentielle, incluant la
transcription de très nombreux documents originaux. Par exemple le premier
registre de la loge de Naumburg, fondée en 1749, avec laquelle von Hund entra
en contact lorsqu’il établit sa propre loge à Unwürde, ou encore des
lettres écrites par von Hund à Johnson avant le convent d’Altenberg. En somme, l’histoire de la
Stricte Observance reste à écrire. Il ne peut être question de nous livrer ce
soir à cette agonizing reappraisal
que recommandait un homme politique américain célèbre et encore moins de
porter un jugement sur des événements dont bien des points restent obscurs. Je voudrais seulement essayer de
fixer avec vous quelques repères et, par la même occasion, poser quelques
questions. Par exemple : l’évolution de la franc-maçonnerie, telle que nous
la connaissons à travers l’oeuvre des historiens classiques, correspond-elle
aux événements que les documents décrivent, question qui nous amène à
examiner notre approche de la franc-maçonnerie du 18e
siècle. LA FRANC-MAÇONNERIE DU 18e SIÈCLE Au 18e
siècle - disons jusqu’en 1813 -, la franc-maçonnerie fait montre d’une créativité
qu’elle ne retrouvera jamais ensuite. Ses caractéristiques sont
fondamentalement différentes de celles de la franc-maçonnerie contemporaine.
Elle ne connaît ni frontières géographiques, ni séparation entre les grades
du métier et les hauts grades, ni organisations s’arrogeant le pouvoir de
dire le droit. Elle se répand en Europe, dans les possessions françaises des
Caraïbes, puis dans les colonies anglaises de l’Amérique, avec une vitesse
incroyable grâce à deux canaux: les soldats et les commerçants. En se répandant,
elle va se diversifier. Très tôt, les régiments possèdent
des loges militaires qui se révèlent un extraordinaire organe de diffusion.
Avec ses cinq loges militaires en 1744, la France a douze ans de retard sur l’Irlande
dont la Grande Loge constitue la première loge militaire en novembre 1732, elle
est en avance sur l’Écosse et l’Angleterre dont les premières loges
militaires remontent à 1747 et 1755.[iii]
Les commerçants sont eux aussi de grands voyageurs, tel Estienne Morin, père
de l’Ordre du Royal Secret qui fut l’ancêtre du Rite le plus diffusé
aujourd’hui dans le monde, le Rite Ecossais Ancien et Accepté. Morin agit, créé
et organise depuis 1744. La franc-maçonnerie du 18e
siècle est un monde mal compris parce que nous commettons l’erreur de lui
appliquer rétrospectivement des lois et des concepts récents. Par exemple, un
mot tel que régularité apparaît fort tôt dans le vocabulaire maçonnique,
mais avec une acception différente de celle qui nous est aujourd’hui familière.[iv]
Autre exemple: la liberté qu’ont et qu’exercent les loges militaires
irlandaises pour répandre les hauts grades. Les historiens classiques n’ont
guère aidé à la compréhension de ce monde différent du nôtre qu’ils ont
approché avec la technique du saucisson. Ils ont trouvé commode - commode pour
eux - de considérer séparément l’évolution des grades symboliques et celle
des hauts grades comme s’il existait un fossé entre deux univers. Leur
approche n’est pas innocente. Elle repose sur le postulat d’une franc-maçonnerie
“authentique”, réveillée ou réorganisée entre 1717 et 1730 à Londres,
à la thématique uniquement fondée sur le métier (Craft),
dont l’esprit aurait été transformé par les Français qui lui auraient
ajouté toutes sortes de hauts grades. Relisez Gould qui expliquait le vote du
Grand Orient de France en 1877 par une déviation spécifiquement française
dont il situait l’origine dans les années 1740.[v] D’autres historiens moins
classiques et moins connus, l’Irlandais Philip Crossle, le Canadien Robert
Meekren, le Hollandais Pott, - j’ai rappelé certaines de leurs idées dans un
article récemment paru aux États-Unis [vi]
- n’ont pas cherché à expliquer l’évolution de la franc-maçonnerie dans
le but préconçu de justifier une situation contemporaine. Ils ont simplement
tenté de formuler les questions que posaient les documents. C’est ce que je
vous propose de faire maintenant. LA FRANCE La franc-maçonnerie française est la
seule, sur le continent européen, à présenter à ses débuts un caractère
chrétien, ce qu’attestent les Règles Générales
de la Maçonnerie signées par le comte de Derwentwater le 27 décembre
1736, le jour même où Ramsay prononce la première version de son Discours.
Cette spécificité, qui correspond à l’esprit des Old Charges antérieurs à la formation de la Grande Loge de 1717,
permet de penser que la franc-maçonnerie introduite par Derwentwater, McLean et
O’Heguerty - et peut-être même par des militaires irlandais vers la fin du
17e siècle -[vii]
était différente de celle qui arrivera en France quelques années plus tard
avec les loges créées par Desaguliers, Richmond et Coustos.[viii] Plusieurs historiens anglais ont
supposé que cette première franc-maçonnerie française aurait comporté une
composante chevaleresque, en tirant argument des mots Ordre et chevaliers employés
par Barbier dans son Journal, le 7
mars 1737: « On ne sait quoi que ce
soit des statuts, des règles et de l’objet de cet Ordre nouveau. Ils s’assemblaient,
recevaient de nouveaux chevaliers... ».[ix]
Ces mots étonnent, certes, mais Barbier était un profane et son vocabulaire
n’engage que lui. Or, une semaine plus tard, on relève des mots sensiblement
identiques dans le livre d’architecture de la loge Coustos-Villeroy à propos
de la loge du Grand Maître Derwentwater: « ... les frères ont ajouté que l’ordre n’était pas un ordre de
chevalerie... ». [x]
Ces frères devaient avoir de bonnes raisons pour laisser la trace écrite de
leurs sentiments à cet égard et la remarque de Barbier y trouve une
confirmation indirecte. Les mots chevalier et chevalerie
ont-ils été employés par Barbier et par la loge Coustos en raison de certains
passages du Discours dont Ramsay avait prononcé la première version deux mois
plus tôt, [xi] ou bien ce Discours et ces remarques étaient-ils
liés aux caractéristiques de la première franc-maçonnerie française ?. LA QUESTION DES HAUTS GRADES Pour ce qui est de la chevalerie et des
hauts grades, distinguons les intitulés, la chronologie et les familles de thèmes.
·Pour les
intitulés, on sait maintenant - mais on ne le répétera jamais assez - que des
grades aux thèmes identiques se rencontrent sous des désignations différentes
et que des grades de mêmes noms peuvent recouvrir des thématiques distinctes. ·Qu’indique
la chronologie ? Une loge composée de Scots
Masters - ce qui veut dire Maître Ecossais, n’est-ce pas ? - apparaît à
Londres en 1733, trois ans seulement après la publication du livre de Prichard,
mais nous ignorons sa thématique. Deux grades additionnels au grade de Maître
sont mentionnés par le Vénérable d’une loge irlandaise à Lisbonne qui
vient spontanément déposer devant l’Inquisition portugaise, le 1 août 1738.[xii]
Une loge de Maîtres Ecossais est créée à Berlin au mois de novembre 1742.[xiii]
Mais à Paris, la première apparition de hauts grades attestée
documentairement ne date que du mois de décembre 1743, lorsqu’un texte réglementaire
mentionne les Maîtres Ecossois en spécifiant
qu’ils sont apparus depuis peu. ·Quant aux
familles de thèmes, il semble évident que l’une d’elles découle de la légende
du meurtre de l’architecte. Dans la version la plus ancienne que nous
connaissions - celle de Prichard qui est postérieure de treize ans à la
fondation de la première Grande Loge -, ce meurtre pose implicitement des
questions sur ce qui se passera après qu’il ait été perpétré : châtiment
du meurtrier, remplacement de l’architecte disparu, retrouver la parole perdue.
Cette première famille tentera de répondre à ces questions.
[xiv]
Cependant, ses thèmes ne sont pas forcément liés aux hauts grades: on
retrouve celui du châtiment incorporé au troisième grade du rituel des
Anciens en 1760 à Londres.[xv]
Une seconde famille présente une
thématique différente parce qu’elle découle d’une autre légende selon
laquelle la franc-maçonnerie aurait été apportée par des chevaliers
Templiers en Écosse où ils étaient allés se réfugier après la mort de
Jacques de Molay. A quel moment cette thématique templière apparaît-elle dans
la franc-maçonnerie ? Quand la notion de chevalerie se transforme-t-elle spécifiquement
en chevalerie templière ? LE THÈME
TEMPLIER Nous constatons l’émergence du thème templier dans
différents pays européens. ·
En Allemagne après 1751 avec
l’Écuyer et l’Eques de la Stricte
Observance. Modifiés par Willermoz, ils deviendront l’Écuyer Novice et le
Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte du Régime Ecossais Rectifié. ·
En Suède en 1759 avec le rite
organisé par Carl Friedrich Eckleff à Stockholm, rite dont l’histoire est
pratiquement ignorée des Maçons de langue française, qui sera pratiqué
ensuite en Allemagne par la Grande Loge Nationale de Zinnendorf.[xvi] ·
En France en 1761 à Metz puis à
Paris d’où Estienne Morin rapporte le grade de Grand Inspecteur Grand Elu à
Saint-Domingue. Il incorporera ce grade dans l’Ordre du Royal Secret, ancêtre
du Rite Ecossais Ancien et Accepté organisé en Caroline du Sud en 1801. ·
En Irlande où le grade de Knight
Templar, attesté au mois de mars 1765 et à Boston quatre ans plus tard,
sera incorporé au Rite d’York principalement répandu dans les pays
anglo-saxons. Arrêtons-nous sur le grade de Grand
Inspecteur Grand Elu de 1761 sur lequel nous avons le plus de renseignements. Il était parvenu à Metz grâce à un
militaire français servant en Suède en 1759,
Jean-Baptiste de Barailh,[xvii] qui l’avait décerné
pendant la guerre de Sept Ans en Allemagne à un autre Français, François Le
Boucher de Lenoncourt. On croyait que la première mention en France de ce grade
par Excellence se trouvait dans une lettre adressée en avril 1761 par des
Frères de Metz à des Frères de Lyon, lettre qui fut publiée par Steel-Maret
dans Les Archives Secrètes de la franc-maçonnerie
(1893). L’une de ses caractéristiques était
une échelle à deux montants et sept barreaux, accompagnée de mots hébreux,
son petit attribut un aigle à deux têtes, et son grand attribut « une
croix Rouge à 8 pointes semblables à celle de Malthe ».
Meunier de Précourt, Maître de la Loge Ecossaise Saint Jean des Parfaits Amis
à Metz, en adresse l’instruction à Willermoz et lui explique que sous le nom
de Kadosch, ce grade, son échelle et ses instructions secrètes illustrent l’histoire
des Templiers dont le Grand Maître, Jacques de Molay, avait été brûlé vif
à Paris en 1314. Willermoz copia de sa main le catéchisme
de ce grade [xviii]
mais nous verrons plus loin qu’il en retrancha un élément essentiel.
Toujours est-il que ce manuscrit Willermoz constituait la version la plus
ancienne connue du grade de Chevalier Elu jusqu’à la découverte du document
d’un intérêt exceptionnel que j’évoquais en commençant cette conférence. ·
Le catéchisme de Quimper Ce document est un manuscrit découvert par André
Kervella et Philippe Lestienne qui viennent de le publier il y a un mois dans Renaissance
Traditionnelle.[xix]
Il décrit le grade de Chevalier Elu pratiqué à Quimper en 1750 dans un
Chapitre fondé par René François André, comte de la Tour du Pin, brigadier
des armées du Roi.[xx]
Je vous rappelle que la liste établie à l’Assemblée de la Grande Loge de
France, tenue en novembre 1744, fait état d’une loge militaire établie dans
le régiment de Bourbon Infanterie avec De
la Tour du pin à sa tête.[xxi]. Dans le catéchisme de Quimper, ce
Chevalier Elu connaît l’échelle mystérieuse
composée de deux montants et sept échelons
portant des mots hébreux. Les sept grandes lumières du
chapitre représentent les 7 Maîtres
Elus envoyés par Salomon a la recherche du traître... [xxii]
Plusieurs de ces Maîtres se
separèrent et furent a juste titre appellés Kadhosch qui signifie Saint. Ils
sont connus sous le nom d’Esséens ... puis ont embrassé
la religion chrétienne... L’Ordre s’est conservé
chez quelques personnes pieuses... dont Hugues Paganis et Godefroi de Saint
Amour... Au concile de Troyes ils reçurent
l’habit blanc auquel Eugène joignit la croix Rouge... Ils possédaient des biens immenses... Ils s’unirent avec les chevaliers de St Jean de Jérusalem au temps
des Croisades... Philippe le Bel fut l’auteur de leur ruine... Les frères qui
ont conservé l’Ordre se cachèrent dans les montagnes d’Ecosse.... L’Ordre
admet aujourd’hui des frères qui ne sont pas catholiques, parce qu’en
Ecosse et en Angleterre, plusieurs frères embrassèrent les nouvelles opinions... Cette dernière phrase permet de
supposer que ce texte n’a pas été composé par un sujet de Louis XV. Le
manuscrit comprend également une liste de vingt-deux Illustres Grands Maîtres représentant - ou originaires de - la
Suisse, l’Italie, le Piémont, la Prusse, Hambourg et Francfort,
l’Angleterre, différentes régions de France, les Antilles françaises et
deux régiments dont celui de Condé Infanterie. Or nous sommes en Bretagne, un an avant
que von Hund n’ouvre son chapitre en Lusace, neuf ans avant qu’Eckleff
n’ouvre le Grand Chapitre Illuminé de Stockholm. Vous voyez maintenant
combien ce document est surprenant. Sa découverte permet de reconsidérer
plusieurs éléments concernant l’apparition du thème templier. ·
Lyon 1752 et 1754 En premier lieu quelques mots prononcés par Jean-Baptiste
Willermoz en 1782 au Convent de Wilhelmsbad. [...] dès
l’année 1752, c’est-à-dire il y a 30 ans, ayant été choisi pour présider
la qui m’avait reçu, & n’ayant aucune connexion, ni avec le défunt
Rev. Fr. ab Ense [von Hund], ni avec aucun des partisans de son Système,
j’apprenais mystérieusement à ceux auxquels je conférais ce 4e grade de la , qu’ils devenaient successeurs des Chev. T.
& de leurs connaissances ; je le répétais & je l’ai répété
pendant 10 ans, comme je l’avais appris de mon prédécesseur, qui l’avait
appris lui-même par une ancienne tradition, dont il ne connaissait pas
l’origine. [xxiii]
Comprenons bien la portée de ce que
vient de dire Willermoz : en 1752, lorsqu’il conférait ce 4e
grade de la loge de Lyon en tant que Vénérable, il enseignait au récipiendaire
que celui-ci devenait successeur des chevaliers templiers, ce que Willermoz
avait lui-même appris de son prédécesseur à la tête de la loge.[xxiv] ·
Le Noviciat - Lyon 1754 Second élément: un texte intitulé
‘Le Noviciat’, également reproduit par Steel-Maret avec la date 1754. Aucun
historien, à ma connaissance, n’a commenté cette date surprenante. J’ai
constaté que certaines de ses phrases se retrouvent dans un rituel publié par
Schröder, rituel que Starck avait adressé à von Hund en 1770, Aufnahme
eines weltlichen Novizen :[xxv] Le maître des cérémonies éteint les bougies en disant: — C’est en mémoire de ceux qui
existèrent et n’existent plus. Bei dem Auslöschen
der Lichter sagt er: Das
thue ich zum Gedächtnis derer, die gewesen sind und nicht mehr sind.[xxvi] Relisez l’étonnement de René Guilly,
il y a une dizaine d’années, lorsqu’il découvrit ce rituel allemand. Il y
trouvait « des ressemblances
frappantes avec les rituels de la Stricte Observance de Lyon de 1775 et aussi
avec ceux du Convent des Gaules... la position de ce document comme source des
rituels rectifiés saute aux yeux... ». C’était bien sûr le même
rituel, traduit en français par Bénard à Dresde, transmis quatre ans plus
tard par Weiler à Willermoz. Constatant que ce rituel était attesté par
Starck, René écrivait: « Il est
pour le moins curieux et intéressant de le trouver ainsi en partie à
l’origine du Régime Ecossais Rectifié français et peut-être même, qui
sait ?, de sa vocation ésotérique ».[xxvii] Vous savez que les clercs templiers
firent leur apparition dans le système de la Stricte Observance avec Starck et
que personne n’en avait entendu parler avant lui. Starck écrit sa première
lettre à von Hund le 31 mars 1767, quelques semaines après avoir créé une
loge à Wismar (petite ville alors suédoise, située à une centaine de kilomètres
à l’est de Hambourg). Cette loge avait pour autre fondateur le baron
Friedrich von Vegesack, initié à Hambourg en 1748, un ancien capitaine du Régiment
d'Orange-Nassau au service de la Hollande.[xxviii]
Vegesack affirmait avoir été reçu
dans l’Ordre des Templiers par le comte de La Tour du Pin en France en 1749.[xxix]
Son affirmation suscita l’ironie de René Le Forestier et, plus récemment,
celle de Jacques Litvine.[xxx]
Malheureusement pour eux, la liste des Illustres
Grands Maîtres du document de Quimper montre à côté du nom du comte de
la Tour du Pin: ‘Dambourg le Baron de Veylask’, c’est-à-dire le baron de
Vegesack de Hambourg. ·
Metz 1751 Nous ne sommes pas au bout de nos
surprises: des passages entiers du catéchisme de Quimper se retrouvent dans le
manuscrit Willermoz de 1761, mais ce dernier est bien plus court (52 demandes et
réponses contre 82) car tout ce qui concerne les Templiers en a été retranché.
Par contre, la version de Quimper est d’un bout à l’autre identique - à
quelques variantes près - à celle qui sera imprimée à Paris en 1781 par
Vincent Labady, [xxxi] version qui provenait
des archives du baron de Tschoudy,[xxxii]
Maître de la Loge Ancienne de Metz vers 1751. ·
Résumé et question Un élément indiscutable ressort de la lecture du
manuscrit de Quimper: le thème templier n’est pas apparu en France en 1761
avec le Grand Inspecteur Grand Elu via la Suède et Metz, comme on le croyait,
mais bien onze ans plus tôt dans un chapitre de Quimper. En 1752, à Lyon, ce
thème était familier à Willermoz. Mais bien avant Wilhelmsbad, il ne devait
guère éprouver de sympathie à son égard puisqu’il le retrancha de
l’instruction du grade lorsqu’il la recopia en 1761. Cette constatation amène une question
évidente: Quimper ayant reçu le grade de Chevalier Elu du comte de la Tour du
Pin vers 1749, où et quand la Tour du Pin avait-il reçu connaissance de ce
grade ? [xxxiii] LA STRICTE OBSERVANCE ·Le nom et les Règles Revenons maintenant à
l’apparition de la Stricte Observance en Allemagne. De quand date
l’apparition de ces deux mots dans la franc-maçonnerie et où
apparaissent-ils ? La réponse surprendra peut-être les lecteurs de Le
Forestier pour qui il s’agirait d’un « nom
inventé par Johnson que von Hund s'appropria », ce qui est inexact.[xxxiv]
Ces deux mots apparaissent en 1754 dans un document rédigé à Kittlitz.[xxxv]
Ils n’y expriment rien d’autre que ce qu’ils disent par eux-mêmes, à
savoir respecter des règles existantes. Ces Règles
furent rédigées par l’Eq. a Columna,
Georg Schmid, qui avait vingt-sept ans, et elles furent approuvées le 15
janvier 1752 par von Hund qui en avait vingt-neuf. Nous en connaissons le texte.[xxxvi]
Je vous en citerai le début dans un instant. ·Les témoignages de Kessler et de Jacobi Dix ans plus tôt ce jeune homme, né
fortuné en Lusace [xxxvii]
le 22 septembre 1722, est reçu Franc-Maçon à Francfort-sur-le-Main où il
assiste au couronnement de l’empereur Charles VII. Il retourne sur ses terres
et, après une histoire d’amour malheureuse, il repart pour la France. Il
reste neuf mois à Paris, passe trois semaines à Strasbourg et rentre chez lui
à la fin de l’année 1743. Depuis près de deux siècles,
les historiens se posent la même question: von Hund a-t-il reçu un grade
chevaleresque ou templier pendant son séjour à Paris ? En a-t-il fait état
plus tard ? Cette question a été obscurcie
par les écrits d’un de ses amis, Christian Friedrich Kessler von Sprengseysen
(1730-1809). Kessler avait été reçu Maçon en avril 1754 à Unwürde par von
Hund qui l’arma chevalier, Eques a Spina,
le 16 janvier 1764. Kessler prononça l’éloge funèbre de von Hund et nous en
connaissons le texte qu’a retrouvé et publié Robert Amadou.[xxxviii]
C’est à cet éloge funèbre et aux quatre livres que Kessler publia après
1786 que nous devons l’origine de plusieurs faits douteux qui seront ensuite
attribués à des déclarations qu’aurait faites von Hund lui-même, raison
pour laquelle sa sincérité sera en question. Kessler, croyait bien faire et défendre
la mémoire de son ami. Un autre témoin, Carl Heinrich
Ludwig Jacobi, m’apparaît plus digne de foi. Né le 8 mai 1745, secrétaire
de l’Ordre à vingt et un ans, il a laissé un manuscrit inédit, intitulé Bref
Examen de l’Histoire de la Stricte Observance, dont un passage important
vient d’être récemment publié pour la première fois.[xxxix] Jacobi distingue entre ce que la
plupart des Frères pensaient à l’époque et ce qu’il a lui-même entendu
de la bouche de von Hund. Oui, les Frères pensaient que von Hund avait été reçu
dans l’Ordre de Jérusalem à Paris en 1743 par le Grand Maître inconnu de
l’Ordre, Charles Édouard pour les uns, Jacques III pour les autres. Ils
pensaient aussi qu’il avait été alors nommé Grand Maître de la VIIIe Province. Mais Jacobi d’ajouter qu’il n’a jamais entendu
von Hund faire de telles déclarations. Jacobi estime probable que lors de son séjour
à Paris, von Hund a fréquenté une loge d’exilés stuartistes, Anglais ou
Ecossais, qui pensèrent que von Hund pourrait leur fournir une aide pour le débarquement
en Écosse qu’ils étaient en train de préparer. Mais même cela, écrit
Jacobi, von Hund ne le lui a jamais dit. von Hund rassemble des Frères
fort jeunes - ils ont 27 ans en moyenne - et crée avec eux, chez lui à
Kittlitz, une loge et un Chapitre dont le champ d’activité ne s’étend pas
au-delà de la Lusace. Ces deux créations datent de 1751, plus de sept ans après
que von Hund ait quitté la France. Cet intervalle pendant lequel von Hund n’a
aucune activité maçonnique, n’a jamais reçu d’explication. Or Jacobi
rapporte qu’en 1750 ou 1751, un officier écossais nommé O’Keith est venu
passer quelques jours chez von Hund. Je suis persuadé qu’il existe
un rapport entre les deux événements et pense que le O’Keith mentionné par
Jacobi était le Général James Keith. Keith appartient à une célèbre
famille de Jacobites écossais, proscrits en Angleterre. Il devra à la position
éminente qu’il occupait à la tête des troupes de l’impératrice Anna
l’autorisation de se rendre à Londres en 1740 où le futur Grand Maître, son
cousin Kintore, le nomme Grand Maître Provincial pour la Russie. L’activité
maçonnique de Keith est attestée en 1744 en Suède.[xl]
Entre-temps passé au service de Frédéric dont il fut l’ami et l’un des
grands soldats, il crée une loge à Halle en Allemagne dont les travaux
commencent au mois de décembre 1756. [xli] Si mon hypothèse est juste, la visite de
Keith permet de donner une explication satisfaisante à la reprise de
l’activité maçonnique de von Hund en 1751. Cette activité est interrompue
en 1756 par la guerre de Sept Ans, ce qui est bien compréhensible puisque les
membres du Chapitre de von Hund étaient en majorité des militaires. Elle
reprendra en 1763, une fois la guerre terminée. ·
Rosa et Johnson Lorsqu’éclate la guerre de Sept Ans,
la Mère Loge Aux Trois Globes à Berlin a pour Vénérable un conseiller
militaire de Frédéric, Friedrich Wilhelm von Printzen. En 1758, un prisonnier
de guerre français lui demande l’autorisation de créer une loge pour ses
compatriotes, prisonniers comme lui. Printzen la lui accorde immédiatement. En
témoignage de reconnaissance, ce prisonnier communique le grade de Chevalier
Elu de St Jean de Jérusalem à Printzen ainsi qu’à quatre autres Frères, ce
qui permet la création à Berlin du Chapitre dit “de Clermont”, le 19
juillet 1760.[xlii]
Sous l’impulsion de son légat général, le pasteur Rosa qui en modifie le
rituel, ce Chapitre a un succès considérable et constitue une quinzaine
d’autres Chapitres en l’espace de trois ans. En septembre 1763, la guerre de
Sept Ans terminée, apparaît en Saxe un personnage singulier, Johnson. On ne
connaît pas son nom véritable, mais un excellent historien hongrois, Ludwig
von Aigner, lui a consacré une monographie qui se lit comme un roman policier. Un aventurier, certainement,
qu’Aigner compare à Cagliostro. Né vers 1726, soldat puis déserteur, il
arrive à Prague en 1752 où il devient Maçon. On le trouve en Autriche où il
convainc l’empereur et Marie-Thérèse qu’il connaît la pierre
philosophale, à Strasbourg, à Leipzig, en Italie et finalement à Innsbruck où
il échoue en prison. En 1756, il se présente dans une
abbaye proche de Rastatt comme un Père bénédictin du nom de Casimir et confie
aux moines qu’il est un fils du Prétendant Stuart, chargé par le pape de réformer
les couvents. Il organise un bal dans un cloître de nonnes à Lichtental et
invite les moines à y participer. Il est respecté comme un dieu, mais commet
l’erreur de partir quelques jours en voyage. En son absence, les choses vont
se gâter pour lui, car les moines désirent continuer à boire quotidiennement
du vin, comme le leur a ordonné le Père Casimir, ce qui amène le prieur du
convent à aller exprimer ses soucis à son supérieur. Emprisonné à son
retour, condamné à dix ans de galères, Johnson parvient à s’évader. Il devient gardien des faisans du
prince d’Anhalt-Bernburg, puis se présente à la loge Aux 3 Roses de Jena où
il fonde un chapitre "sublime" aux tendances alchimiques.[xliii]
On suit sa trace pendant la guerre à Altona, à Francfort et à Berlin. Il
revient à Jena au mois de septembre 1763 et s’y présente alors comme le
Grand Prieur de l’Ordre du Temple de Jérusalem, Eques
a Leone magno, arrivant d’Ecosse. Johnson commence par déclarer
que les rituels du chapitre sont faux et que ses constitutions reçues de Rosa
au nom de Berlin ne valent rien. Avec une audace extraordinaire, il n’hésite
pas à convoquer Rosa devant le Chapitre assemblé et lui demande de décrire le
Tableau d’Apprenti. Rosa se trouble, se couvre de ridicule, mais par naïveté
ou par bêtise, accepte de signer le procès-verbal de cette réunion tout en
demandant qu’on veuille bien en rectifier quelques phrases, ce qu’on lui
promet. Johnson adressera des copies de ce procès-verbal non rectifié à tous
les Chapitres que Rosa avait fondés. Allant plus loin: il convoque des représentants
de tous ces Chapitres en leur ordonnant d’apporter leurs rituels et leurs
Constitutions. Elles seront brûlées au milieu du temple de Jena, au son des
trompettes et des roulements de tambour. Escroc, Johnson, certes, mais escroc de
génie. ·
Von Hund et Johnson Lorsque l’arrivée de Johnson et la déroute de Rosa sont annoncées à
von Hund le 12 octobre 1763, von Hund est convaincu que cet envoyé est un
ambassadeur authentique. Une rencontre à Leipzig est envisagée. Le 13
novembre, von Hund fait écrire à Johnson en lui posant des questions précises.
Qui est actuellement le Grand Maître ? Qui est le chef de la VIIIe
Province ? [xliv]
Johnson répond qu’il ne pourra lui donner certaines indications que de vive
voix. von Hund s’adresse alors personnellement à lui par une lettre écrite
en français. En voici le texte inédit depuis que Schröder le reproduisit il y
a près de deux cents ans: [xlv] 23. décembre 1763 Très reverend, très Noble et très honoré Frere, Penetré au vif par les marques de Zele pour l’Ordre et de la Magnanimité
qui paroissent partout dans les Procedures de Votre Reverence, dont j’ai reçu
de nouvelles preuves par la lettre du reverend frere Teichmeyer, je mets la main
à la plume pour assurer Votre Reverence que je ferois de mon coté le possible
pour resserer les noeuds de l’union que nous nous proposons reciproquement et
que je donnerois volontiers les mains à tout ce qui peut contribuer aux
avantages reelles du très haut Ordre. Soyez persuadez très cher et noble frere, que pour mon
particulier je suis pret à sacrifier mes droits et prérogatives au bienêtre
de l’Ordre, que je reconnoitrais avec plaisir un egal, même un superieur en
Vous, pourvu que les regles que nous professons et nos Usages que l’antiquité
à rendues sacrée à mes freres n’en patissent pas. C’est la le point
capital, sur lequel j’ose insister. Vous serez convaincu de la bonté de notre systeme
(j’ose m’en flatter) s’il plaisoit à Votre Reverence d’accepter une
entrevue. Ce seroit la, que je pourrois avoir l’honneur de lui developer avec
la derniere franchise tout ce qui concerne cette matiere. Si vous voulez, tres
cher frere, y consentir comme j’ai lieu à l’esperer, nous trouverons
surement des moyens de nous arranger de façon, que votre authorité n’y
souffrira en aucune façon. Votre Rev. pardonnera si dans ma precedente j’ai
pu m’expliquer peutêtre avec trop de franchise sur quelques articles. Un long usage du monde m’a apris par des frequentes
experiences qu’on ne peut user de trop de prevoyance. C’est donc [dans]
cette sage defiance, que reside la sureté de l’Ordre. Des le commencement
j’ai eu trop bonne opinion de Votre Rev. pour user de quelques detours envers
elle, croyant que bien loin de lui deplaire, Elle m’en estimeroit
d’avantage, si je lui montrais un coeur franc et ouvert. Maintenant que je comence a apercevoir la noblesse des
sentimens de Votre Rev. j’ose Vous assurer, cher et digne frere, de mon
attachement reel pour Votre personne et du desir de m’unir avec Vous par les
liens les plus indissolubles etant sans reserve avec Consideration la plus sincere et avec tous les honneurs
usités dans le haut Ordre. De Votre Reverence le très-humble et très obeiss. serviteur et très adonné
frere. Charles Bar.
de Hund surnommé
Chev. de l’Epée Les dés sont jetés. Les deux
hommes se rencontreront six mois plus tard à Altenberg pour une tragi-comédie
qui durera quelques jours. Le ton des lettres de Johnson, en fait écrites par
le jeune Bechtoldsheim nommé Cancellarius
ordinis superioris, avaient pu tromper von Hund, mais pas un face-à-face. Démasqué,
Johnson s’enfuit, il est rejoint et mourra à la Wartburg dans la cellule
qu’avait occupée Luther. Entouré par deux hommes de
talent, Schubart et Zinnendorf, qui se sépareront vite de lui (Zinnendorf en
1766, Schubart deux ans plus tard), von Hund et sa Stricte Observance vont
dominer l’Allemagne pendant douze ans. von Hund meurt le 8 novembre 1776, un
an après le convent de Brunswick. Il sera enseveli, comme Schubart, dans sa
grande cape blanche, entouré de quelques fidèles et de beaucoup de soupçons. \ J’ai promis de vous lire un extrait des Règles
que le jeune von Hund avait approuvées aux tout débuts de la Stricte
Observance. Leur première partie, intitulée Ce
qu’un Franc-Maçon doit penser de la Maçonnerie, représente l’un des
plus beaux textes maçonniques que je connaisse. En voici le début: L’adhésion à la franc-maçonnerie peut provenir
d’incitations bien différentes, ces incitations détermineront le zèle et la
conduite d’un Frère nouvellement reçu. Certains viennent à l’Ordre, mus
par un respect particulier qu’ils ressentent à son égard, ils y voient tant
d’hommes raisonnables unis entre eux, cela leur plaît, et ils souhaitent
faire partie de cette chaîne. Ce motif-là est le plus beau de tous. Gottmadingen mai 1998 NOTES [i] Lantoine
1930. La Franc-Maçonnerie Ecossaise en
France: IX. [ii] Amadou 1984 in Renaissance
Traditionnelle 57: 1. [iii]
R. E. Parkinson in Transactions - The Lodge of Research CC Ireland, 1949-1957: 119. [iv] Un exemple suffira
à illustrer cette évidence. On lit dans le procès-verbal de la première Grande Loge du 29 janvier 1731: « Le Dr. Douglas observa que plusieurs Frères qui n'appartiennent à
aucune Loge régulière et qui sont cependant de bons et fidèles Frères, ne
peuvent avoir connaissance [du Grand Festival] si
celui-ci n'est pas annoncé publiquement » (The Minutes of the Grand Lodge of Freemasons of England 1723-1739, Quatuor
Coronatorum Antigrapha. X: 143). On pouvait donc à Londres, en 1731,
n’appartenir à aucune Loge régulière - c’est-à-dire à une loge faisant
partie de la Grande Loge - mais être néanmoins considéré comme un bon Frère
par l’un des douze Grands Stewards nommés ce jour-là. C’est ce que
remarque Sadler qui ajoute avec
l'ombre d'un sourire que la Maçonnerie de cette période ne saurait être jugée
« d'après nos critères contemporains de
discipline et d'organisation presque parfaites » (Masonic
Facts and Fictions, 1887, p. 43). [v] Gould
1882-1887: III. 141. [vi] Bernheim 1996. [vii] Cette question est moins
simple qu’il n’y paraît. [viii] Loges créées à Paris,
Aubigny et Valenciennes entre 1732 et 1735. Il est possible que l’existence
simultanée de ces deux formes distinctes de franc-maçonnerie primitive soit à
l’origine des deux familles de divulgations françaises (Bernheim 1993: 149). [ix] R. J. F. Barbier
1869 (1966). Journal.
II: 148 - Tuckett 1919. ‘The origin of
additional Degrees’. In AQC 32:
8. - A. C. F. Jackson 1987. Rose
Croix: 8, 12. [x] Daniel Ligou 1965.
‘Le premier Livre d’architecture de la Maçonnerie française’. In Bulletin du Centre de documentation du GODF 51: 38. [xi]
Voir Alain Bernheim
1996. ‘Letter to the Editor’. Heredom
5: 10. [xii]
Témoignage de Hugo O'Kelly, 1
août 1738: « and there are two more
classes which they call Excellent Masons, and Grand Mason, which are above all
others and superior to that which he, the witness, exercised » (Dr. S.
Vatcher 1971. ‘A Lodge of Irishmen in
Lisbon in 1738’. In AQC 84: 88. [xiii] O’Etzel 1903. Geschichte der Grossen National-Mutterloge in den Preussischen Staaten
genannt zu den drei Weltkugeln: 14-15. [xiv] Dr. P. H. Pott. ‘Etude de l’histoire de la Franc-Maçonnerie’. In Le Symbolisme 365:
310-311. Cité in Bernheim 1996: 96. [xv]
Harry Carr 1981. Three Distinct Knocks and
Jachin and Boaz. The Masonic Book Club: Bloomington, Illinois (avec
le fac-similé de la première édition des deux divulgations). [xvi] La plupart des
indications concernant Eckleff données in Le Forestier 1970: 179 proviennent de
Schiffmann 1882. Mais Le Forestier a tendancieusement interprété le livre de
cet historien allemand, excellent et honnête, et a fait d’Eckleff un médecin
alors que celui-ci était un petit fonctionnaire. [xvii]
Thulstrup 1892: 49 (1984: 45). [xviii]
BM Lyon Ms 5910. Ce
manuscrit fut acquis à la vente Le Brigon en janvier 1956. [xix] André Kervella et
Philippe Lestienne 1998. ‘Un haut-grade templier dans les milieux jacobites en
1750: l’Ordre Sublime des Chevaliers Elus aux sources de la Stricte
Observance’. In Renaissance
Traditionnelle 112: 229-266 (numéro
daté d’octobre 1997, paru en avril 1998). [xx] Voir sa biographie,
Annexe 1. [xxi] Alain Bernheim 1974.
'Contribution à la connaissance de la genèse de la première Grande Loge de
France'. In Travaux de Villard de
Honnecourt X: 74. - Réimpression
1988. In Travaux de la Loge nationale de
recherches Villard de Honnecourt 17:
156. [xxii] Dans les rituels irlandais
connus par les divulgations des années 1760 (Three
Distinct Knocks et Jachin and Boaz,
voir supra, note 13), il s’agit de
douze Compagnons, mais le thème est le même. [xxiii] Intervention de Willermoz, le 29 juillet 1782. Jean-François Var (Texte
transcrit et présenté par) 1985. ‘Les Actes du Convent de Wilhelmsbad’. In
Les Cahiers Verts VII:
L-LI. [xxiv] La mention par Willermoz de son
prédécesseur montre bien que ceci se passait avant 1753, date à laquelle il
fonda à Lyon La Parfaite Amitié. [xxv] Schröder 1805-1806: II. 169. [xxvi] Steel-Maret 1985: 42. Schröder
1815-16: 2-4B. 17. [xxvii] René Guilly 1989: 288-289. [xxviii]
Schröder 1805-1806: I. 165. [xxix] Lettre datée du 5 août 1767,
reproduite in Kessler von Sprengseysen 1788: 134. Dans une lettre qu’il
adresse à Nettelbladt en 1809, Starck écrit qu'il possède une copie de la
patente remise par le comte de La Tour du Pin à Vegesack (Runkel 1932: III.
225). [xxx] Le Forestier 1970: 158. Litvine
1997: 47, note 75. [xxxi] G.
J. G. E. [Grand Inspecteur Grand Elu],
ou Chevalier Kados; connu aussi sous les titres de Chevalier Élu, de Chevalier
de l'Aigle-Noir (Paris 1781). Dans Histoire,
Rituels et Tuileurs... Paul Naudon a trancrit un rituel manuscrit intitulé Le
chevalier Elu dont il écrit qu’il date « environ
de 1765 ». Contrairement au MS Willermoz (Naudon commenta ce MS dans
l’édition 1984: 104, note 86: « S’agit-il...
d’un texte édulcore ou tronqué ? »), le manuscrit Naudon a les mêmes
questions et demandes que le manuscrit de Quimper, mais il présente la plupart
des variantes de la version imprimée de 1781. On trouvera in Acta Macionica vol. 8 (Bruxelles 1998), pp. 85-97 le texte
des manuscrits de Quimper et de Lyon avec, en notes, l’indication des
principales variantes de l’imprimé de Paris 1781 et du manuscrit Naudon. [xxxii] Théodore-Henry, baron de Tschoudy, Maçon d’origine suisse, né à Metz
le 21 août 1727, mort à Paris le 28 mai 1769. [xxxiii]
Il m’apparaît probable que la diffusion de l’Ordre des Chevaliers Élus
est en rapport avec la guerre de Succession d’Autriche (1740-1748) durant
laquelle La Tour du Pin, à la tête du régiment de Bourbon, avait été grièvement
blessé à Lauffeld. [xxxiv] Le Forestier 1970: 138. [xxxv] Ce document est transcrit in Schröder 1805-1806: I. 214. Ces deux mots se trouvent également sur la
couverture de la première édition (1756) du livre de Dermott: Ahiman
Rezon, or a Help to a Brother; Shewing the Excellency of Secrecy, And the first
Cause, or Motive, of the Institution of Free-Masonry; The Principles of the
Craft, And the Benefits resulting of the Strict Observance thereof; ... [xxxvi] Le texte intégral des Règles se
trouve seulement in Schröder 1896: 15-25. Richard Schröder, sans lien de
parenté avec Friedrich Ludwig Schröder, avait été initié en 1892 dans la
loge de Naumburg dont il écrivit l’histoire, loge au sein de laquelle von
Hund recruta ses premiers chevaliers en 1751. [xxxvii] Province de l’électorat de Saxe, à
100 km au nord de Prague et à 70 km à l’est de Dresde. [xxxviii]
Amadou 1980. [xxxix] Jacobi 1796 in Dotzauer 1991. [xl] Thulstrup 1892: 14
(1984: 13-14). - Robelin 1993: 45-7. Le Général James Keith (1696-1758) et son
frère aîné George (le 10e earl marischal, proscrit en 1716) avaient un arrière-grand-père
commun (William, 6e earl
marischal) avec John Keith (1696-1758), 3e
comte de Kintore, élu Grand Maître de la Grande Loge d’Ecosse le 30 novembre
1738 et Grand Maître de la Grande Loge d’Angleterre le 22 avril 1740. [xli] Allgemeines Handbuch der Freimaurerei 1900: I. 404. En novembre 1756 Keith était à Dresde où il prit part aux négociations
avec les Saxons après la chute de Pirna. [xlii] Le procès-verbal original de
l’ouverture du Chapitre, rédigé en latin, indique qu’il s’appelait
Filley de Lernay (Nettelbladt 1879: 183-4), sa traduction en allemand Filley de
Lerneu (Runkel 1932: I. 197). [xliii] Le Tapis du grade était rond
et de couleur noire. En son centre, une lanterne avec le nom Jehovah en dessous.
Le signe consistait à placer la main sur le front, le genou et le coeur (Taute
1885: 1). [xliv] Schröder 1805-1806: II. 61 [xlv] Schröder 1805-1806: II.
246-247. Orthographe respectée.
Extrait de Georges Martin, Histoire et généalogie
de la Maison de la Tour-du-Pin « René III de La Tour-du-Pin, comte de La
Tour-du-Pin La Charce comte de Bosmont (Thiérache), de Raray et de Monthenault,
seigneur de Bezonville (Beauce), vicomte de la Charce, baron des Plantiers et
d’Aleyrac, naquit à Ypres, le 30 novembre 1715. Il fut admis parmi les pages
de la Grande-Ecurie du Roi et fut nommé capitaine d’infanterie en 1730. Il
fut blessé d’un coup de feu à l’attaque de Wissembourg et reçut le
commandement du régiment de Bourbon en 1740,[i]
mais une terrible blessure qui lui fracassa les deux os de la jambe gauche à la
bataille de Lawfeld, le rendit infirme et l’obligea à quitter l’armée en
1748 avec le brevet de brigadier des armées du roi. Il fut nommé chevalier de
l’ordre militaire de Saint-Louis. Il partagea dès lors sa vie entre Bosmont
et Paris et fut nommé membre du bureau de Laon de la société d’agriculture
de la généralité de Soissons en 1761. Il mourut à Paris, le 12 février
1778. « Il épousa en l’église
de Bosmont, le 13 février 1741, Jacqueline-Louise-Charlotte de Chambly, dame de
Bosmont, de Ranay, de Connantre, de Monthenault, fille de Charles-François de
Chambly, comte de Bosmont et de Ranay, et de Jeanne-Louise le Cognieux de
Bezonville. Par cette alliance, elle apporta dans la maison de La Tour-du-Pin,
les fiefs de Connantre, de Monthenault, de Ranay, de Chambly, de Bosmont et de
Bezonville, notamment. Le contrat de mariage fut signé par le roi qui était le
parrain de la mariée. Il stipulait l’obligation de porter le nom de CHAMBLY.
Un Chambly avait sauvé la vie du roi Philippe-Auguste à la bataille de Bouvine
en 1214. Elle mourut à Reims, dans son hôtel de la rue du Marc, le 28 novembre
1791, à l’âge de soixante-quinze ans. Il ne semble pas qu’elle fut inquiétée
pendant la période révolutionnaire. » [i] Cette
indication permet d’identifier le Maître de la Loge de Bourbon Infanterie
portée sur le Tableau de 1744 avec le comte de La Tour du Pin du manuscrit de
Quimper (voir notes 20 et 21). |